Deuxième joyeux poème enthousiaste
Elle aimerait bourgeonner et fleurir
En toute délicatesse, élégamment
Et cataclysmique par nature,
Elle froisse jusqu’à l’environnement
Les idées, les mots pour dire
Plurivoque, équivoque,
La langue a tout pour nous confondre
Elle se pavane dans tous ses registres
Et vernaculaire ou véhiculaire
Acadienne, québécoise ou créole
Et si elle porte parfois un masque délétère
C’est alors que je me souviens
Que j’ai un cœur dans la caboche
Des neurones nagent
Dans des rivières d’or
En pleine cage thoracique
Alors que de toutes mes forces
J’en écarte les barreaux
Que les cascatelles diluviennes du sens
Exécutent leurs plus belles danses anatomiques
Que des électrons remontent passionnément le courant
Et s’amusent à danser, virevolter, à s’envoyager
Allez, protons, neutrons, mes charmants nucléons,
C’est l’heure d’aller à l’école!
Le bus va bientôt arriver!
Allez trémousser vos frimousses effervescentes
À même la réalité incandescente, scintillante et vous amuser
Dans des tempêtes synaptiques qui s’entortillent et voltigent
À tout rompre des compromis, des faux semblants
Des petites et des grandes hontes
Cyclones psychiques d’avant
Les hivers nucléaires navrants qui nous attendent
J’aimerais avoir dans le cœur un jardin de fleurs hiémales
J’ai mal à mon paradigme, j’ai mal à ma langue
Et j’ai dans le ventre le déshonneur d’un myocarde météorique
Qui se décompose, végétal, fongique, se putréfie
Avant même que d’avoir pris son envol
Voudrais-tu… m’aimer?
Depuis quand tant d’yeux ont-ils poussé
À tous les interstices de mon être
Qui se sclérose, se fossile, s’ambre
Dans tous les langages qui me connaissent
De près ou de loin?
Je me sens devenir un grotesque troglodyte
De mieux en mieux, de plus en plus,
Me cacher sous les ponts et dans les grottes
Ne me va plus tellement
Je rêvais d’être un triton,
Fils d’Amphitrite
Je couvais en secret le rêve
D’élever une truite
Dans la destructrice élégance des flots
Mais pas de sirène avec qui épeler
Les verbes « s’énamourer », « s’éprendre », « s’engouer »
Lacustre, riveraine ou océanique,
La providence commence en queue de poisson
Là où elle se termine en serpent de mer, en murène ou en anguille
Une amour d’eau douce me rêve chaleureux, vibrant, vivant
Et je ne suis prince que des ombres
Qui vivotent et ont oublié la manière de danser
Autour du feu coruscant
De ton regard heureux, pénétrant, radieux
Pétrifié par la réflexion
De la lune dans un lac noir et profond
Comme l’être et le non-être
J’ai l’âme qui s’évapore par tous les pores
De mon idéal primordial
Peut-être ai-je été, froussard,
Le tyran qui ne pouvait pas supporter de s’aimer
Versicolore, subrepticement,
Instrument organique
Pour la déesse des amourettes éphémères
Et c’est l’intangible qui me ramène
Les racines sur terre,
Dans un lagon qui erre et lanterne, poétique
Parmi les nuages
Le langage des oiseaux était si charmant,
Lorsqu’il sortait d’entre tes lèvres
J’espère frôler de mon imaginaire
Le verbe polychrome, chamarré, prismatique,
Que ta gorge, voilier lunaire voyageant à travers les mondes
Souffle de toutes ses forces,
De tout son devenir
Et t’apercevoir fleurir en tendresse
Auprès des hommes que tu aimes