Amour rime avec topinambour OU Grand n’importe quoi
Même le plus petit morphème des multivers
Est invincible, a une portée sans fin,
Pour peu qu’on l’évoque
Avec la puissance du verbe
Le jour où tu m’as soupçonné à voix haute
De vamper ton imaginaire
Et, de mes dérèglements de l’âme,
De te faire plonger en pleines dionysies
Je crois que tu as prouvé
Hors de tout doute raisonnable
Que savoir rime avec pouvoir,
Et que tu portais un regard acéré sur le réel
Je ne t’en veux pas de faire vivre les mots
Même si c’est sans moi
Ou nos inestimables échanges
Je n’ai jamais cru à la destinée
Et elle me le rend bien à présent
Toute la petite poignée de change
De ma répartie est tombée
Entre les craques du sofa
Il faudra un autre quidam
Pour penser le monde qui nous entoure, nous habite
Passer l’aspirateur sous les coussins
Rien ne se perd, ne se crée, tout s’absorbe
En attendant, on dirait que je chausse
Du hollandais volant de taille 11
Et ces deux espèces de modèles réduits fantomatiques
Naviguent en directions opposées
Comme pour tester ma résolution
Aller vers toi et me perdre,
Te dire « heureux voir! » et me retrouver
Comme je suis allergique au rejet,
Je te quitte le premier, victorieux
Puis tu m’apprends que tu as
Un polichinelle dans le tiroir
Depuis deux mois et ça explique
Bien des choses et d’autres
C’est toi qui m’emporte à travers
Un paysage de flots, de récifs,
De typhons, de mascarets,
Me convie, âme en peine,
À rejoindre le cimetière d’épaves
Des échecs de parcours amoureux
Couvert d’anémones, de coraux et d’éponges
J’attends, passif-agressif,
De me faire piller par des vagants
Que l’on réquisitionne mon butin
Entre deux coups de sabre