Oaristys
« Je ne suis pas jolie »
Et pourtant, tu es si belle
Que ça me crève, ça me brouille,
Ça me « deux yeux tournés bacon »
Sans compter mon sourire béat qui frétille
Dans la poêlonne de fonte dès potron-minet
Plus d’un oisillon frapperait le mur du son
À se lover dans tes grâces aériennes
Je vois naître et fleurir l’éclat smaragdin
Dans tes iris, primevère salvatrice
Tu entends tout cela et tes deux oreilles
Se pavanent à travers monts, à travers vaux,
Jusqu’au diable vauvert
En passant par l’enfer de Dante
Et c’est si doux de murmurer la beauté
Tout contre ton lobe d’oreille
Petite païenne des amours printanières,
Sylphide poétique que nos marivaudages
Ne flétrissent pas trop vite
Retourne d’absorber dans ta psyché,
En pleine osmose avec le super-conscient collectif
Et rapporte reliques, artéfacts, fétiches enchantés
Pour le long et charmant voyage
Que sera ton existence
Sans le petit déjeuner de mon sourire,
De ce regard épris de toi, de toi
Il est déjà trop tard pour me sauver
En l’absence de toi, j’ai plongé culottes baissées
Dans l’infernal abysse de la caféine à l’état pur
Et j’écris des poèmes impardonnables, melliflus,
Chargés de parfum de rose et de baisers
Au café Le petit cheval blanc
Serais-je, en ton absence, devenu un grotesque mirliflore
Feignant d’avoir fait florès, macérant à l’épicentre de l’oubli?
Mais le miracle a la peau douce et la dent blanche
La taille fine et les cheveux jusqu’aux épaules dénudées
Lorsque tu pénètres dans l’établissement,
Que je te fais dos et que tu te jettes sur moi
Pour me faire un câlin lunaire, nucléaire, féerique
Que tu déchires ma cage thoracique de tes doigts fins
Et mes vêtements en lambeaux, chaleureuse étreinte
Qui atomise jusqu’à mes regrets, mes hontes, ma solitude
Tandis que, cataclysmique tempête de taches de rousseurs,
Tu déposes un baiser incandescent sur ma joue,
Je vois que tu portes toujours le béret pourpre que je t’avais offert,
Que malgré tes voyages au sud de toi-même
Tu as toujours la peau blanche
Et bien sûr, l’émeraude de ton regard
Est toujours verdoyante, vivace, végétale
Elle ébranle les fondations de ma cité endormie,
L’inonde de joyaux liquides, raz-de-marée organique
L’Atlantide renaît des petites joies et peines risibles,
Des petits riens du tout délicats et élégants
Dont toi seule est capable
Pas besoin d’être versé dans l’art de la météoromancie
Pour spéculer autour du destin qui est le mien,
Pour m’apercevoir que chacun de tes baisers et caresses
Est une guerre d’attrition dont je ne ressortirai pas le même
L’évasion du méandre accomplie,
Serons-nous à nouveau, utopiques et l’un pour l’autre,
Un symbiote fanatique de l’amour?
Aurons-nous transcendé l’essence
De vivre seuls, par milliers, dans la foule aux yeux globuleux?
Serai-je toujours l’ignoble fœtus
Infusant dans l’amnios de ta tendresse,
Prodigieux petit canard aux trois pattes cassées
S’abreuvant à ton divin ichor?
Tu as tout connu des carences affectives,
Du sentiment d’abandon et d’imperfection primordiale
Et pourtant tu demeures, comète primesautière,
Le biotope cosmique que tous les regards élisent,
Hiémaux, pour s’iriser même en hiver
Avec l’appui de l’esprit de la chance,
L’élixir qui s’écoule dans nos âmes à l’unisson
Suffira à nous libérer de la fusion
Et si le réel nous pensait, nous ressentait autrement?
Nous pourrions nous oublier, éperdus d’affection
Parmi toutes les étoiles filantes microscopiques
Qui frétillent, sautillent, dansotent
Sous le firmament de notre peau
Naître, subreptices, et exécuter la danse des atomes
Papillonner à la chasse aux humains
En capturer deux beaux spécimens, nous-mêmes
Et les habiter pleinement,
Avatars millésimés d’Aphrodite
Clef de voûte révolutionnaire
Aspioles aspirés par les spirales spirituelles
Libération de la constellation d’Andromède