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Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
31 décembre 2014

LE CAFÉ (Slam)

Vous savez, les gens aiment le café. Et toutes sortes de gens vont dans les cafés. Des jeunes gens, délurés et frivoles, aux mœurs légères, échangeant libidinalement des regards langoustines et des cafés maritimes. Remarquez comme l’amertume du café est presque salée. Et dans les cafés, y a aussi des étudiants en psycho, qui étudient à fond et sérieusement les pathologies au plan psychoémotionnel et qui finissent par se croire atteints de tous les maux du monde.

Alors, avec un petit ricanement nerveux, ils se lèvent et vont chercher un autre petit café expresso, pour oublier la maladie mentale et ses dédales. Se disant que le pire des aminotaures est le trouble de la personnalité antisociale, qu’être exquizoïde c’est pas aussi délicieux qu’on dit. Que l’trouble narcissique se noie dans son égo. Faut comprendre que l’égo d’un trouble de la personnalité narcissique est comme une piscine creusée… quand on sait pas nager! Mais savoir se noyer c’est une compétence, aussi! Et c’est pas tout le monde qui peut se noyer. First, ça prend de l’eau. Ensuite faut savoir ne pas savoir nager. Et ensuite de ça, faut pas être trop grand et plein d’autres variables entrent en jeu. Mais revenons-en au café!

Juste à côté de ma table siège une autre table. Avec des étudiants en droit à son bord. Aahh! Des gens en droit!, me direz-vous. J’en ai bien peur. Pour reprendre courage, j’me prends une bonne gorgée de café. Les étudiants en droit discutent de changer le monde, et de l’alinéa 4 du paragraphe 38, sur le cas de madame Dubé, qui veut départager la garde de ses enfants. Et puis à un moment, y a une pause et j’en profite parce que c’est intéressant, pour aller leur poser une question qui me brûle les dents : aye, ‘scusez-moi, j’me demandais juste, pour les gens en droit, la dimension éthique es-tu ben présente dans votre formation?

Pis y en a une qui me répond : ben, y a un cours d’éthique, à maîtrise, j’pense. Pis lé poupounes retournent au cas de madame Dubé, pis moé chus plus en colère que jamais contre l’humanité, parce que pour la future avocate qui m’a répondu avec tant de répartie, l’éthique, c’est un christ de cours à maîtrise! Raaaahh!

Au comptoir, y a une matante rococo habillée style années 80, et son plus grand crime n’est pas son manteau en cuir, « NOOON! » On lui sert un cappuccino pis j’la vois aller s’mettre 5 sucres pis 4 crèmes dans son café! Aye, matante corrompue! Tu t’rends-tu compte que tu viens de noyer un bijou d’la culture italienne dans une chaîne de montagnes de sucre pis un bétail de vaches laitières?! Pis oui, en passant, t’as engraissé! Je te souhaite un bon bonbon au café! Faites pas vos p’tits chérubins offensés, là! À ma place, vous auriez fait pareil. J’me jette sur mon café. Comme un aigle sur sa proie, un vautour sur sa charogne. Le café, ça m’excite! 7 cafés, ça m’fait bander, 12 cafés, cé l’acv. Mais cé un peu trop ça.

Un café, pour moi, c’est comme une femme. Composé majoritairement d’eau. Le goût est ta mère. Tu le fais mousser sur le feu trois fois pas quatre, tu mets plein de sucre, c’est délicieux, ça s’appelle un café à la turc. Une femme, un café, ça s’entasse surtout très bien dans une cafetière italienne, si on n’en met pas trop à la fois. Une femme…Ça se boit chaud, lentement sinon on se brûle? On la brasse avec une cuillère de temps en temps, avec un air détaché, on y ajoute du sucre, du lait, ce que vous voudrez. Un café. Avec un long cheveux au fond. Ah : Ah! AHHHHHHH! A-Ah! Voyez, un long cheveu bouclé. Comme une femme! Quoiqu’y a des hommes aux cheveux longs. Merde ma théorie a mal!

No-non! J’vous dis : une femme, un café, cé pareil! Cé sûr, vous allez dire, un café ça coûte moins cher qu’une femme, mais vous savez, on peut acheter une femme avec un café! Pis après ça, si on sait manœuvrer, et avec quelques compliments bien placés : « Ah, té belle, t’as lé cheveux doux! Té sexy comme une poupée barby, mais avec plus de peau autour du plastique. De peau ou de fascia, vous pouvez y dire. Ça fait pas vraiment de différence, mais vous aurez l’air plus intelligent. Si c’est l’effet recherché, mettez un foulard lors de la 1ère rencontre : le foulard fait la moitié du travail. Combien de fois faut-il le répéter?! Avec les compliments et l’air bohème, vous ferez des économies, chose précieuse pour se procurer l’or brun tant convoité!

Mais pour en revenir au café, j’aime les femmes, oui. Et y en a plein dans les cafés. Oué, ah ah ah! Cé vrai!

Vous savez, le café a tout fait pour moi. Sauf que l’absence de café me rend violent… Demandez à ces bras cassés et à la porcelaine de la tasse éclatée. Demandez et vous recevrez! …Un café!

Le café est plein de musicalité. Quand on le verse ou qu’on le boit, quand on chantonne en l’attendant, qu’on souffle dessus, quand on secoue le sac recelant les grains encore frais, chaud et odorants.

Et le café est le meilleur ami de l’humanité. C’est qu’il se tue à nous désaltérer, le bougre! Ce café est mort (gravement). Il aurait été bu pour la dernière fois à la brûlerie, aux alentours de 14h, dans une tasse en porche-laine décapotable. Le meurtrier aurait pris sa tasse par l’oreille, avant d’engouffrer sa victime. Il y a plusieurs témoins, mais le présumé soupçonné coupable d’être criminel d’avoir bu le corps de la victime, aurait bu le corps de la victime. Et pour défendre ce « BUVEUR!! » cannibale s’il en est, les spécialistes auraient définit l’abomination comme caféinophage! Le café, comme je disais, se tue à nous désaltérer. Mais il renaît de son marc, son résidu de café! C’est ça l’astouche!

J’voudrais pas vous vendre la paix intérieure dans un doggy bag de la brûlerie, mais souvent, je médite en buvant un café. Comme une pyramide assise sur son séisme. Et puis, je tremble un peu pour tout vous dire. Je serre les dents. Je prends un autre café pour relaxer. Alors il me vient l’inspiration d’une chanson : L’anxiété, l’anxiété! C’est un être bien singulier. Dans ma tasse, de café, elle m’ergarde me torturer. Prend garde, à l’abus de café. Mais personnellement j’abuse pas du café. Entre 8 et 14 par jour, pour garder la forme. J’peux arrêter quand j’veux.

Bon, j’vas aux rencontre du CA, les caféinomanes anonymes. Chus hypocrite : j’y vas jusse pour me réchauffer en hiver, pis prendre un ptit café. J’dis qu’ça fait trois semaines que j’y ai plus touché pis mes miroirs mythomanes m’applaudissent en me traitant de menteur dans leur tête. On rit!

J’vous partage tout ça parce que j’ai de l’estime pour vous, au moins autant que vous en auriez pour le café si vos papillondes s’étaient posées sur son fleuve! Et j’aimerais bien instruire généreusement mon maître le café sur les labyrinthites mystérieuses de la vie, comme il l’a fait pour moi. Mais on n’apprend pas au vieux renard à se gratter. C’est lui qui m’a fait tel que je suis. Alors je suis là, à vous parler et mes mots caféinés s’enlacent dans vos oreilles, comme du café Sumatra ou du mokamasutra. C’est un baiser signé d’ordinaire des lèvres de Morphée, mais il ne dort plus. Il en a trop bu et on ne dort pas, après l’amour avec le café. Le cousin au Roi Midas a tâté de ses mains ce terrain noir et odorant. Changeant l’or et la réalité en café. Expresso presto.

Le café est magique. C’est la potion des gaulois, qui transforme la vie en bd. En biodrôle. Change le silence en café, transforme l’absence en café, troque la joie d’Épicure pour une tasse d’hédonisme exubérant, en chantant, « carpe diem », oui, en chantant la pomme d’or à carpe diem. Et puis un doute : c’est quoi la mince ligne de coke qui sépare l’hédonisme, carpe poisseuse demandant la dime aux délices, du carpe diem pour lequel on s’éventre si gaiement sur l’autel… de nos plaisirs?! Mais assez cafélosophé!

Black comme un café mystérieux et courageux qui sort de l’esclavage de sa tasse, de son enveloppe charnière, tu cris, entassé dans ton ennui, coquin petit résidu de café, « Vas-y, Gab, change tes enfants en or noir, troque-les pour un autre petit café! Café Diem, alors y a pas d’problème! J’pourrais y aller, mais tu me prends par les amours. Et des enfants j’pourrai en refaire un jour. […] Le café, ça vous laisse sur ces émotions caféinées, sur des propos corsés et j’m’en vais me reboire un autre café!

 

J’m’imagine, ivre de café, aux petites heureuses du matin, parler à une serveuse tannée:

-Jusse un autre p’tit café mam’zelle !

-Sort de mon café, expresso presto! T’en as assez bu!

-Vous faites du mocha par cas, à corpsrompu !

Dans l’passé, j’étais oracle, un vrai miracle!

Je lisais l’avenir des gens dans les montagnes résiduaires de café

Le monde plaçait sa confiance en mes divinations devinatoires

Maintenant les gens n’ont plus la foi : ils boivent le breuvage sans l’âme

L’Art d’la clairvoyance est encarafé par l’oubli

Le café à la Turc est mort d’avoir trop vécu

Mais un jour le vent, le ventre me l’a érudit, du marc abandonné renaîtra l’Âme du Café !

Elle ouvrira ses ailes de grains

Au-dessus des cités et larguera de quoi faire repousser les plantations sur les gratte-ciels ébranlés

Ça prendra pas dix ans : le monde redeviendra une tasse ronde

Pure et florissante

L’homme des temps modem retournera dans la jungle jugulaire qui avala les cités

S’habillera des feuilles du caféier.

Une peuplade nourrie aux grains de café

Et qui bien sûr ne dormira plus beaucoup,

Comme les grands sages, les humains se nourriront de prana et de café

 

-C’est bien beau tout ça. Mais maintenant, s’il-te-plaît, paies-moi pour les quatre-cent quatre-vingt douze cafés que tu m’dois!

-Ah, bien si le café devient mathématique, il devient aussi consternation :

La constellation du taureau torréfié charge au fond d’une cup astrale, s’unit à une femme et donne naissance à une chaîne d’étoiles multinationales, des milliers de Starbuck!

Alors, enfants des étoiles, progéniture du café,

Fuyez sur des îlots de conscience

Dans le geste de partager un café à la ronde

Allez-y! Caféinom-Hanuman!

Dessinez votre avenir du doigt, dans le marc de café d’un bol renversé

Sortez la tête de la tasse et donnez naissance à une ère de créaction!!!

Le café… la vie… l’espoir… n’auront jamais goûté aussi bon!

 

Gabricot 2012

 

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