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Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
14 janvier 2015

Kombucha, jour 1

"You know, in this world, there are two types of persons -in India, the country where I come from, at least : there are vegetarians that don't eat meat because it's bad, and there are vegetarians that don't eat meat to make trees sad. Let me explain myself: a guy once seeded his rich, beautiful piece of land with a bamboo sprout, a land where a volcano grew up, reason of it's flourishing grounds. Well, one day, the volcano woke up in anger and as it was burning everything around, the man who planted and watered a bamboo sprout had the choice between saving a blind child and his vegetable. No one knows what his decision was, but it was entertaining to think about it." -Un baba quelque part en Inde  

Je trouve ça vraiment très joli, c'est heureux aussi à se remémorer. Je veux dire que c'est une femme, un peu folle, un peu généreuse, un peu désespérée et très fabuleuse aussi. Qui parle de son Kombucha comme de son vagin, depuis qu'elle en a (de boisson pétillante, dont il est question). Faut pas vendre la peau du Spleen, sauf que mais! Les femmes m'aideront peut-être à en sortir! J'aime entendre une voix en-dedans quand je repense à celle-ci. Son nom, c'est Nathalie. La distance entre passé et présent est la seule délicatesse dont nos existences mortelles sont garantes. Nathalie pourrait compter pour un archétype autonome à part entière. Elle m'est si importante, même si environ deux mille kilomètres d'océan, de caillasse et de nature nous séparent.

En tout cas, dans la liste des "je me souviens", je soulignerai que:

Quand madame Nathalie parle de son Kombucha, elle réinvente la source de vélocité de notre relation, son rythme et tout. Ce qui était "mon vagin ne jouit pas de toi, car je ne suis pas certaine qu'il t'aime" devient "mon champignon a bin faim, de toute sauf de toi, mais tu peux toujours essayer d'déterrer mon amour à gueule de mandragore et ne pense même pas à me quitter: ça tu n'as le droit!" J'aime mon acidité, à propos du passé décomposé. Sauf que l'petit champignon dit pas "non"! quand j'lui demande: "P'tit champignon, tu veux un massage?, t'as l'air tendu.", Nathalie répond que "oui", souriante, petite fille et tout. Mon dieu qu'elle est belle quand elle est heureuse! C'est terrible, ça fait mal à regarder, trop de beauté. Enfin, bref, c'est elle qui m'a quitté. Les meubles qui restent souffrent plus que les gens qui partent. Et même un meuble d'acajou (une antiquité de mobilier!) n'a aucune crédibilité ou aucun charisme, quand vient le temps de parler des belles absentes qui se font sauter quelque part en Italie. L'esprit du voyage me rit à la figure et Nathalie me rappelle que je lui dois deux cents piastres, de temps en temps, pour garder la forme.

L'astuce avec le Kombucha, c'est que ça te prend une "mère champignon" pour starter une nouvelle potion pétillante santé bio grano... j'm'excite, là! Alors c'est full symbolique patente si ma blonde à gogosse s'en est vue donner un: c'est la mère qu'elle n'a pas eue!! Oh oh oh oh oh oh oohhhhH! Bon, d'accord, fuck Freud, ses théories et son cadavre. Nathalie a une maman et elle sait même où elle vit (un jour, on ira brûler sa maison ensemble, ce sera plaisant!). N'empêche, sa mère est si froide et alcaline qu'il n'y a pas de symbole dans le tableau périodique des éléments pour se le représenter: le tableau vomirait sa vie et ses glyphes. Or donc, Nathalie's mom is sooo cold, soooo harsh, so toute, mais tellement rien à la fois, que l'esprit de Nathalie est devenu un freak de cerveau au fil des ans! 

Nathalie, cinq ans: maman, est-ce que tu m'aimes?

Nathalie, dix ans: maman, c'est quoi le nom de papa? J'vas-tu le rencontrer un jour tu penses?

Nathalie quinze ans: J'hais ma mère. Elle est folle. J'vas quitter la maison dès que j'pourrai pis à l'entendra plus jamais parler de moi!

Nathalie vingt ans: J'ai rencontré un gars vraiment gentil et charmant. Quand il m'a serrée dans mes bras, j'me suis sentie tellement connectée à lui. Pis la neige tombait autour. C'était tellement beau!

Nathalie trente ans: Je l'hais. Je sais pas c'qu'il a, mais y a quelque chose d'appitoyé pis de honteux, je ne l'supporte plus! Pis on dirait qu'y m'cherche tout l'temps, sans le savoir. Y fuit toujours les chicanes, il est d'accord avec toute. Je comprends pas, mais j'peux pas l'quitter alors qu'y m'étouffe, pis j'peux pas arrêter de l'tromper non plus! C'est comme une drogue.

Nathalie par les temps qui courent: libre, libre, libre, elle a conquis sa vie et c'est merveilleux, sauf quand à m'écrit un message rentre-dedans pour me rappeler que mon âme lui appartient, ça pis mes droits

Une petite fille à l'intérieur d'une grande, traitée avec mépris par la plus vieille des deux et tellement trop gentille et vulnérable que l'autre en devient cruelle. "Ta souffrance et ta vulnérabilité m'insécurisent, m'irritent! Je préférerais te détruire que de sentir cela. Tais qui tu es! Le besoin est un langage qui ne s'exprime que de manière univoque, l'univers se promène vers moi."

Faudrait une caméra phallique, un petit casque pénien à caméra pour filmer tout ça à l'intérieur de la grande Nathalie! Ses inquiétudes vaginales, je veux dire. Une femme comme ça, on ne la masturbe pas. On masse son sexe, pour le guérir de ses angoisses, très laborieusement, au fil des ans. Nath. Un enfant qui n'existera jamais là-dedans sait déjà qu'il n'est pas aimé. Ce n'est pas qu'elle ne peut pas, c'est qu'elle ne peut pas vouloir POUVOIR et pouvoir VOULOIR, les deux en simultané. Enfin, si. Mais c'est très paradoxal tout cela. Certaines personnes sont ambidextres, elle est ambivalente des deux mains. Deux coeurs voyageant en catamaran au-dessus d'une Berlin Est bleu-gris, noyée dans un océan de souvenirs post-apocalyptiques.

 -Tu trouves pas que le champignon a grossi?

-Oui oui, c'est normal ma douce. C'est fait pour ça, pour remplir le contenant dans toute sa circonférence!

-Tu dis ça pour lui faire plaisir! Dis à Kombu qu'il a engraissé, qu'il est une mauvaise personne. Sinon Kombu va te quitter

-Nathalie...ne fais pas ça!

-Qu'est-ce que tu racontes? J'entends rien!

-Nath... Kombu, des fois tu me fais peur.

-L'autre jour, j'ai passé une très agréable soirée à souper avec ton ami Marco. On a mangé de la fondue, on s'est regardés longtemps dans les yeux sans parler. J'entre en transe que je plonge dans le regard des gens. Toi, tu ne veux jamais qu'on se regarde comme ça. C'était une belle soirée en tout cas!

-Ah, oui, bon, je suis content pour toi. Je...

-Le champignon à Kombucha est drôle, tu trouves pas? Il est lisse, visqueux, soyeux et rosé d'un côté, plus mât, rugueux avec de petits points noirs de l'autre, dessous. Et toi, tu juges mon beau Kombucha parce qu'il a quelque chose de noir par en dessous. Des fois, je te trouve bien vilain!

-Voyons, Nathalie, j'dirais juste que les deux côtés du champignons communiquent pas souvent, mais l'verso d'la feuille vient en général avec le recto. Le papier est comme ça aussi. C'est rare que les deux bords d'la feuille se rencontrent. Y veulent pas savoir que l'autre existe.

Si j'avais un avis et une colonne vertébrale, je lui dirais que son sexe c'est ça: une mademoiselle très gentille, très jolie, très dans les apparences, très givrée et insécure aussi. Tourmentée, même. La vaginite de ses remords prendra le large quand elle sentira la mort approcher. Une imitation d'être humain, faite en ivoire avec des remparts hauts et inertes, pleure des briques sur ses habitants. Je crois que Nath en veut aux autres de ne pas être forts, que ça la gruge. Mais le mépris est comme une sortie au cinoche. Ça coûte pas cher, c'est divertissant et comme ça passe par séquences en boucle, le format parfait pour être aimé d'un esprit, tout un univers psychique peut se construire autour de ce fantasme de l'autre puissant, protecteur, éternel et à l'écoute, mais sans aucun désir ou besoin. Que la peau de ce fantasme soit tatouée de mots et d'images et s'appelle une histoire n'est pas plus important que de savoir qu'une chaise est faite en bois et s'appelle une chaise.

On pourrait en faire une thérapie d'ailleurs: Bon bin tu vois la chaise? Tire-la vers toi et ne t'asseois pas dessus. Merci! Écoute le bruit que ça fait quand tu la bouges. Regarde-la. Imagine sa texture, puis pose tes mains dessus et sens la texture. Hhoouuuuhhh! Il y a quelque chose qui se passe! Puis, lentement, scrupuleusement, assis-toi sur la chaise en murmurant "Namasté". Sauf qu'il y a des gens faits pour ne pas s'aller bien, des chaises sur lesquelles on ne peut s'asseoir que lorsqu'on ne ressent jamais de fatigue ou que chaise ne sent pas notre fatigue. Le mollet courageux sera un mollet heureux de travailler dur et souvent. Les gastrocnémiens ont droit au Paradis, eux aussi! Sauf. Qu'on est plus grand que la chaise. Et que la chaise n'a pas à être consciente qu'elle est une chaise. Bref, on fait thérapie de tout bois, de nos jours. Pour la simple raison qu'on peut vendre le malheur à n'importe qui si on lui dit que le bonheur existe. Aimer bien. Avez-vous idée du fantasme que cela représente pour moi?! Le bonheur d'aimer à l'endroit du coeur, quelqu'un dont on n'aurait pas à se méfier? Ne pas dissimuler ses sentiments? Mais de toutes les personnes qui pensent au fait qu'elles vont mourir de vieillesse dans pas long, qui se casse les couilles à être vrai? Les gens sont polis mais morphent. Polymorphes.

Par quels artifices parler de ce qui vit à l'intérieur des gens, sans éventrer tous les livres de psychologie de l'humanité sur l'autel, à midi? Comment ne pas payer des pina colada cheaps à mam'zelle psychopop à deux heures du matin? Je sais pas. Seulement, Nathalie c'est la femme frette qui t'amène un peu plus loin sur la patinoire. C'est le vélo du village que tout le monde a monté alors qu'il faisait moins vingt dehors et nos culs témoignent de leur commune tristesse et de leur innommable solitude par des engelures et une peau d'orange râpeuse à l'endroit de la lune, la pleine! Ce qu'il peut faire seul à deux, parfois!

Dans son dos, ma belle Nathalie a des ailes faites en mains de géant. Quand elle doit se débrouiller seule dans la vie, elle va aussi loin qu'un couteau de combat dans la peau et ce, dans des postures dignes du kamasûtra.

Sa perfection dure et froide s'épuise, il lui faut un p'tit mec servile, facile à domestiquer. Et ce qu'il lui en coûte de compter sur lui, en matière d'orgueil! Le temps de l'idéal montre les côtes, le torse et le ventre couverts de sable, agonisant au milieu du désert. La force et la gentillesse dont mademoiselle fait preuve à son travail sont néant à la maison une fois rendue. As-tu quelque chose à cacher? Non, j'vous l'dis, les femmes, c'est comme un homme: tu pensais pouvoir être déçu, eh bien tu ne le seras pas!

Nathalie est un Bestseller apesanti par un synopsis prévisible. Tout est là des nécroses de madame en passant par le pays des névroses, des souvenirs-fossiles qu'elle ne se rappelle qu'à moitié (la plus p'tite des deux moitiés) et des sentiments si inquiétants qu'il vaudrait mieux ne pas les réveiller à moins que je les prenne totalement en charge. Une astuce, ma belle Nathalie: c'est pas vrai que les hommes aiment les femmes toujours jeunes, voire infantiles. Une belle de trente avec une identité et des faux-plis ça tue pas. Enfin, en général, ça ne tue pas. Mais tout est métaphore dans les relations. La prochaine fois que t'auras cinq ans dans ta tête, j'appelerai ça un travail de la forme (ou du contenant, si vous préférez). 

Et comme je disais, notre relation est devenue beaucoup plus communicative depuis qu'elle a Kombu' dans nos vies. Kombu aurait besoin d'un endroit plus à l'ombre, le taux d'acidité du thé à Kombu est trop élevé, Kombu va finir par aller voir ailleurs, Kombu est en crisse, tu m'entends?, en crisse!

Bon, je mens plus et ne cache plus rien. On se connait depuis suffisamment longtemps, ça ne servirait plus à rien. J'aime les femmes fortes. Puissantes. Mais moins cruelles qu'elles ne le pensent. J'aime de ces femelles d'Amazonie qui seraient prêtes à se lever à quatre heures du matin, à grimper une montagne pour admirer le lever du soleil à mes côtés, tout en buvant du chaï latté qu'on aurait préparé la veille. Le problème, c'est que c'est en général le genre de femelle qui te casse le bras droit pour t'empêcher de te masturber en cachette.

La justice, l'égalité, les droits humains, je n'y ai jamais cru. J'aime comme un tigre aime une femme-fauve. Mais je n'ai jamais rencontré le modèle de la femme courageuse et chaleureuse sans l'option mépris et banalisation de l'être humain, alors s'il vous plaît, ne le dites pas à Nathalie, mais un jour bientôt, je kidnapperai Kombu (uniquement si Kombu est d'accord!) et je l'amènerai avec moi à Varanasi, en Inde. Vous savez, j'y suis déjà allé avec mon ex-compagne, Marie-Ève. C'est le lieu du dernier des pèlerinages, là où vont toutes les âmes. Le fleuve Ganges passe par là ou plutôt, Varanasi a été construite au bord du Ganges.

Alors imaginez cela: des gens lavant leurs étoffes blanches dans le fleuve sacré, un pâtre faisant se baigner ses buffles dans l'eau, une mémé qui flottille, un pêcheur de poissons nourris à la poudre de cadavre, des dédales étroits dans une cité tentaculaire se reproduisant jusqu'à l'horizon. Et les ghâts poussant en gerbes de ghâts au bord de l'eau. Êtes-vous contents? Moi si. Contenté d'y être allé, d'avoir détesté les vendeurs de boat rides, de "you want a massage?", "you want to meet young woman?", "hey, you want some good hash?" et de vouloir y retourner. C'est ça l'Inde: une p'tite ligne de poudre au nez mauvaise pour les reins, les os, la mouelle et tellement si tant savoureuse! Grrrr! C'est aussi en cet endroit que les voiliers et autres embarcations se noient dans l'Âme du soleil sur le fleuve Ganga, alors que les moustiques te piquent tout ce qu'il peuvent. Marie-Ève et moi étions comestibles et donc des hôtes par défaut.

Ce temps d'avant, quand la légèreté riait de l'amertume, était un instant de bonheur arraché à la vie pendant qu'elle se payait des petits garçons. Les marchands nous arnaquaient, je me fâchais, Marie-Ève croyait avoir eu sa papaye à bon prix telle journée, alors qu'on lui avait vendue deux fois sa valeur de base. "Je l'ai eue pour seulement cent-vingt roupies!" "Mais c'est beaucoup trop cher! Marie!!" Nous étions heureux, dans une Inde de soleil, de crasse, de malheur et de poussière. Dans un pays où les enfants qui n'ont qu'une seule papatte courent plus vite que les nôtres (surtout quand ils t'ont volé ton porte-la-feuille!) et recelant des couleurs incroyables et des odeurs indésirables (et quelques chouettes fragrances, d'accord).

Là-bas, à Varanasi, ville sacrée des morts, nous irons, Kombu et moi. Et je donnerai des bouts de Kombu à tous les Indiens qui savent faire un câlin, car je veux des amours légères pour une bonne fois, je rêve d'un pays où les champignons et bactéries rendent leur santé aux gens, je veux un multivers où les possibles rajeunissent la libido qui fait dodo, je veux d'une carte plus tendre que le tendre et d'un compas pour trouver la compassion quand on a le coeur gorgé de boussolitude. Je veux une place à l'ombre pour rajeunir ma personae, je veux d'un animus assez fort pour serrer l'anima dans ses bras, je veux... bien des choses qui savent très bien se passer de moi.

Je souhaite que ma vie et vos vies soient une danse contemporaine, animiste, surprenante et sacrée. Alors à la prochaine fois, une, deux, trois, kombuchachacha!

 

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