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Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
1 février 2015

Cochoncetés réincarnées

Le goût de dieu, tu m'avais demandé: "Aimes-tu le goût de dieu?". "La folle", j'me suis dit. J'aurais pas du. Ce n'est pas gentil. Et puis, tu es devenue une amante fabuleuse, tu as été une amoureuse infiniment touchante, sincèrement inoubliable. Ton nom, c'est Peau d'Âme. Alors là ça augure mal, voyez? Parce que d'nos jours, plus personne ne croit en dieu ou aux contes de fée, alors "Peau d'Âme"... Bah, y a les enfants qui croient aux contes de fée, mais comme mon histoire est cochonne... Vous ne voulez pas gâcher la vie de vos enfants, je présuppose. En tout cas, on est pas sorti du boa, comme disent les rats.

Or donc, Peau d'Âme avait une raison de porter cet illustre nom. Ses parents étaient des hippies connectés à une autre réalité, alternative, communautaire, spirituelle. Je l'avais connue au Rainbow Gathering du Québec, elle avait six ans et j'en avais huit. C'était un été en 1990. Les moineaux faisaient d'la diarrhée verbale, le soleil foutait le feu aux forêts du Nord. Quand j'y repense, on est chanceux qu'aucun Rainbow n'ait parti en fumée. On a arrêté un début d'incendie causé par l'orage en 2010, par contre. 

C'est pas comme le Burning Man, mettons. Le feu est une finalité, au Burning Man. Je sais pas si le lieu est sacré ou s'il a été choisi par un gourou aux doigts inspirés, mais t'as des poulettes de luxe, des queues hippies de luxe, tout le monde est beau et gentil, tu croirais pas à ça, la teinture mère du summum de l'humanité est là. Quelques jours par année. Moyennant six cents bidous pis les frais de transports, tu peux aller produire du sens et tremper ton bâton de joie dans quelqu'un d'agréable compagnie, au milieu du désert infini. C'est comme pogner LE BÂTONNET DE POISSON PANÉ de la gang qui a pas de mercure dedans, si vous me permettez la comparaison. T'arrives là-bas pour la première fois et t'as l'impression de sortir la tête de l'autruche. Ton intellect devient un esquimau. Perdu en pleine nuit au milieu d'un blizzard, il tombe nez-à-viande sur un gros morceau de lard de baleine de sens. Un cétacé sémantique! À Burning Man, si tu rencontres quelqu'un qui a la belle haine bleue, c'est que tu manques de chance.

Sauf qu'on sait tous que l'océan est plein de mercure, les vagues sont fourrées aux sirènes ogm, pis le Burning Man a beau cramer le quotidien pis enculer le Spleen sur l'autel, les gens savent qu'ils se donnent toutes et tous à quarante mille pourcents pour offrir un éros flamboyant et un coeur végétal à la femme unique, à l'homme corbeau qui saura peut-être les faire chanter et danser amoureusement.

Fait que si ton ombre remplit son baluchon, rase ses sourcils, met son chapeau de paille et quitte la personae en n'emportant que son coeur, des doutes et des milliers d'yeux avec elle, c'est dans l'errance entre soi et l'image de soi que tout se jouera ma chouette. L'esprit de nos amours comptant plus que l'amour en lui-même. Le regard sur le regard étant parfois bien imparfait et éternellement plus nourrissant, plus humain et davantage significatif que l'idéal qui nous a vus naître.

Seulement, t'es au Burning Man, il y a d'la femme, du mâle en chaleur. Tu veux et tu peux. Le sexe est bon par tous les trous, dans toutes les situations. C'est l'endroit où un homme te prend pendant que tu fais l'amour à sa copine. Tu n'es pas gai, d'autres le sont. Ça n'a pas autant d'importance que les guides sur l'identité et l'orientation sexuelles veulent te le faire croire. Pas autant d'empire sur toi que de ne faire qu'un avec l'amour, dans la rencontre de l'autre, d'un coeur qui bat, d'une main qui prend férocement ton sein pour sentir ton coeur palpitant.

Ce qui t'importe rendu à Burning Man, c'est pas tes dettes d'études, c'est pas le prince ou la princesse qui te crie "non" depuis deux ans entre chaque "oui" murmuré. L'important, dans cet ultime moment présent, c'est qu'une femelle te mord vigoureusement le cou, qu'elle a la peau blanche, qu'il y a plus d'amour dans ses mauvaises fellations que dans les meilleures pipes du passé. Les érections mollassonnes sont oubliées dans le tombeau des vieilles relations en décomposition. Le. Sexe. Est. Bon. Bandantes, les femmes. Certaines ont le syndrome d'la p'tite fille qui veut pas grandir pis qui mange des ailes de fée au BBQ pour dîner pis du petit prince pour dessert. Et certaines sont tendres, aimantes, chaleureuses, leur coeur est parsemé de timbres, mais l'enveloppe corporelle n'indique pas d'adresse de correspondance.

Les femmes. Avec leurs petits seins ronds. Des sorbets de peau rafraîchissants au beau milieu du désert des sens, toué! Petits. Soyeux. Goûtus. Gros, pendants, pas identiques, mais dont l'un est encore plus joli et excitant que l'autre. Aaaaahh! De fines mains blanches, des regards verts, verts, verts! Chaque fois, femelle alpha te lèche le sexe dans le sens des veines. Chaque fois, tu n'oses pas lui dire qu'elle le serre trop fort avec la main, des fois que tu serais capable d'en prendre davantage, des fois que ça serait la meilleure idée de toute la vie, des fois qu...elle halète, se retourne et frotte ses fesses contre ton sexe, ton bassin. "Prends moi vite!" Tu sais que le plein air te fait jouir rapidement, tu vas bientôt venir, ça se sent, tu sais que ses douces fesses abritent une huître chaleureuse, gluante. Tu sais qu'elle en a vus jouir bien d'autres avant qui ne savaient pas se battre ou qui savaient et que de toute façon, à chaque fois, ça ne leur servait à rien. Tu as remarqué qu'une perle trop belle pour ne pas l'embrasser est crucifiée sur son clitoris. Tu bandes d'amour, tu bandes dur. À contretemps et dans sa chair. Dans une guerre folle et érotique, tu violes le passé, noies les regrets, tu te donnes, parfois tu demandes, parfois la femelle alpha s'offre et la femelle beta se partage, mais elles succombent ensuite. Souvent, tu te perds en chemin, tu viens deux ou trois fois dans son vagin avant d'arriver à SA destination. 

Des fois, tu rencontres une timide qui n'aime pas encore le sexe. Et quand elle te permet, quand elle a envie de se connaître, tu l'accueilles dans le bon sexe. Une heure, deux heures, trois heures, vous faites l'amour, vous mangez, vous buvez de la tisane bio qu'elle préparait, vous dansez, et tout ça c'est pareil. Tu ne réalises pas tout de suite qu'elle a des dreads, que c'était ton fantasme depuis longtemps, une belle petite hippie au coeur d'étoile, aux cheveux marécageux, à la psyché serpentine. Une belle au boa dormant qui se découvre, qui ne se fera plus jamais faire l'amour, qui créera l'amour ou bien seule, ou bien à deux ou... Une enfant de sable, mais sans la souffrance identitaire, pas une craque au milieu du désert qui crie son propre nom ou qui pleure les échos qui s'en vont à jamais. Une rare, une femme qui s'offre pour faire confiance. Une petite déesse de la vie, et son sourire vaut bien quatre-cents chameaux chargés d'argent et de pierreries. Les bédoins s'entre-tueront longtemps après ton départ du caravansérail... Lune d'argent, pouce vert, conscience éberluée par la rosée du matin. Refrain d'aurore. Tu es un champ de fleurs gai et imprenable. Ça me va comme ça.

D'autres fois, les journées d'anti-héroïsme, des instants de postmodernité te chient les femmes les plus belles, extatiques, on les croirait tirées d'une crise psychotique, sauf qu'elles ne font qu'un avec l'univers, tsé. Bloubloubloubloublou! Pis pendant qu'elles essaient de coller désespérément à leur idéal primordial (se faire engrosser, être parfaite, absolument incontournable, être une bonne personne, enviable ou digne d'amour?), toi t'ouvre les bras, tu fais rien et c'est plus sécuritaire comme ça, de toute façon. Faut pas entrer dans le délire des autres sans y avoir été invité. C'est pas poli. Et de toute façon, si elles y réfléchissent bien, elles voudront pas que t'ailles là.  

Mépriser ou être méprisé, mais subtilement, en douceur. "Les suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis" du passé sont embaumés, mais le désir-fossile montre les côtes, rugit désespérément, crache du soleil et montre des yeux gris et malheureux. Tout le monde aime ça. Mode ambivalence activé! Tu es un bon modèle masculin accueillant mais pas trop, dans un monde où femmes et hommes se méprisent comme si demain n'existait pas. Y a bin rien que dans les livres de psycho et de sexologie que la moitié du monde a un mode d'attachement sécure. Que dans les sites sexo pour matantes Rococo qu'on te dit "je t'aime" avant de t'enculer et "merci" quand le train arrive. Alors tu te trouves hhhhot sans savoir que t'es le roi des cocus, tu te dis que t'es le Dieu-Cerf de la forêt dans Mononoke hime, alors que sur ta tête tu portes une forêt de cornes. Ah, oui, une histoire érotique, fallait raconter. Plote, totons, pouèls? J'me réchauffe en attendant l'éros qui fait dodo au creux de mes hanches. Bon, reprenons.

Burning Man... Puisque la mamoizelle "amour universel" grince des dents en cachette en vivant son rituel païen d'l'année, le néophyte aux grandes oreilles ferait mieux d'écouter ce qui se passe dans son réel à elle: tournée de speed, amour, oubli, belle image de soi, ecstasy, amour, cul, solitude, l'autre me renvoie une mauvaise image de moi-même, fuck, fucking outside, venir dedans, champignons magiques...

Manger quelque chose

...amour, imperfection, rejet, l'autre dégage une vulnérabilité agaçante, c'est pas le bon, opium s'il y en a, unité, extase, je suis belle, tu es beau, deux anges granos tombés du ciel, la chatte roucoule, sa pine est unique et il est puissant, débuzzer...

Accueillir ce qui vit au-dedans

...il me faut de l'eau, gorge sèche, auto-critique, reflet inapproprié, ne trouve plus ses amis, un inconnu caresse tendrement ma peau de la paume de sa main, me mettre à pleurer, recevoir tant d'amour, un baiser sur le front puis la joue, il lèche mes larmes, chanter des mantras entre amis, enfin la nuit tombe...

Unité dans la nudité de chaque sourire, de nos corps et puis de chaque regard que je n'oublierai pas ou que j'oublierai

...promenade dans un décor hallucinant avec un nouvel ami, nos pas illuminés par les néons et les blacklights, baisers, placotage, anxiété de performance, il a l'air trop parfait, qu'est-ce qu'il a à me regarder comme ça, il me juge?, bin oui, dis donc que tu m'aimes, je sais très bien qui je suis, ce que tu penses, méfiance, non-dits, rejet, rires, expression figée...

Dévierger chaque instant comme on décapsule des bébés oiseaux, dans l'espoir d'y trouver un p'tit cadeau tout chaud, qui palpite, qui ranime, tu vois?

...beau mec musclé bien bandé, trois orgasmes, du bon cul oral, sa langue est électrique, et me dissoudre dans le ventre des constellations, regarde comme ma joie est enviable, mépris, grisaille, érosion de l'émail dentaire, hasch, trip à trois, ne plus me supporter, ne plus vous supporter, arrêtez de me regarder, quelqu'un m'offre une rose, dans le cul, un vieux perv' barbu me regarde d'une façon qui me fait sentir laide, ne plus me porter, mal de tête, le miroir se brise, le lien est rompu, revenir à l'avant-dernier amant, il était plus chaleureux et acceptant que les autres il me semble, il a quitté Burning Man avant la fin?, pourquoi?, devrais-je partir aussi?, non, trop épuisée, ça m'a coûté cher et puis, des fois que...

Existence, comme dans "quand je respire c'est toi que je respire, c'est l'univers tout entier, c'est le passé, c'est l'air qui a voyagé dans d'autres poumons, d'autres êtres humains et d'autres pays, devenir une voyageuse du souffle et briller en lumière

...il me faut d'la tendresse, je vous en prie, de l'amour, d'la compréhension, des bras, une proximité extraordinaire, arrêtez de faire du lèche-cyprine, achetez tout, prenez tout, aimez mon coeur, j'hais les hommes et je ne me supporte plus!!!, et cetera, et cetera. Et revivre sempiternellement ces cycles d'amour, de brisure, d'espoir et de douleur et passer au travers, comme à chaque fois. En succédané, coller à la peau de chaque journée, jusqu'à la fin des festivités, quand on brûlera l'idole géante qui nous a tant crié "non". Chaque petite fois. Et rire bruyamment, des gros éclats de rire, de rêve.

Les regards se promènent dans la forêt des mots, des symboles, parmi les listes d'épicerie les plus impitoyables... Rentrez le cou dans votre peau de bitume, pis attachez votre bonne humeur. Des fois la neige saigne des yeux, tellement y fait frette icitte!

Pour me faire pardonner, l'amour, goutte à goutte, éjaculer un poème "court", pour paraphraser Peau d'Âme qui disait toujours que je venais un petit peu trop vite: 

J'aimerais manger des sushis sur ton bedon

Faire couler du saké entre tes cuisses et

m'abreuver à ta fleur sacrée   

 

Bon, dans les faits, Peau d'Âme pourrait très bien aller à Burning Man un jour. Mais j'pense qu'elle deviendrait alors partie de ce tout ressemblant à une montagne de kakis ou de litchis et dont quelques fruits déboulent parfois, météoriques, jusqu'en bas de l'étalage. Serait-t-elle un satellite flottillant haut en orbite ou un fruit qui s'écrase entre les hanches de l'amour, je'l sais-tu,moué?! Chus pas devin!

Tout ça pour dire que je trouve les femmes (les jeunes femmes, les femmes dans la trentaine et même les autres) du Rainbow bin plus chill. Peau d'Âme et moi avons tué le destin. L'un d'entre eux. Enfin, je crois... Elle m'avait avoué une bonne fois qu'elle attirait surtout des anguilles de queues impitoyables et moi, j'avais toujours eu l'impression de frotter mon derviche tourneur contre un fjord frosté quand j'allais me faire du bien dans les femmes que j'aimais. Ça fait pas les plus belles danses sacrées. "Mettons, dans vie, si t'as le choix entre une métaphore figée et des métaphores filées, qu'est-ce que tu choisis?" C'est ce que mon amie poétesse m'avait demandé. Le canard en moi lui a répondu "couac?"

-Bin, t'as le choix entre vivre et revivre toujours le même scénario amoureux, rencontrer le même genre de femmes dans ta vie, ça serait la métaphore figée, ou bien rencontrer des femmes différentes, casser le moule de tes histoires d'amour pour en faire jaillir la lumière et rencontrer d'autres sortes de femmes, différents types de relations, ce qu'on pourrait aussi se représenter sous forme de métaphores filées. Et si tu trompes tes compagnes et vis des affaires extra-conjugales, c'est d'la mise en abîme, tu conjugues l'amour à différentes personnes, il y a des batailles d'égo au pluriel, pis...

-Mais c'est vraiment pessimiste et complexe ton histoire! Dans tout les cas, l'amour ne marche pas!

-Effectivement! Car c'est notre perception de l'amour qui pourrit par en-dedans. Les gens sont la forme et paient le prix pour le fond.

-Dans mon cas, j'évite surtout de penser au "pourquoi" ou au "comment". Dans le zen, la méditation et selon mon expérience, quand t'es rendu à te poser la question "pourquoi" ou "comment", c'est l'indice que tu as perdu. Surtout quand tu te poses les mêmes "pourquoi" et les même "comment", à propos des même "qui" et ou des même "quoi".

-Quoi?

-Exactement!  Résigné, t'essaie de prendre le réel par le fond de culotte, les questions seraient sensées faire de la rétention de bonheur, mais puisque le réel est imperceptible à l'oeil nu... 

J'adore mon amie la poétesse maudite, il y a toujours une tempête solaire au bout de sa plume, le sens se recroqueville en petite boule sur le plateau de sa langue et elle illumine tout sur son passage, elle fait les meilleures fellations du monde (fuck my life!), elle m'a bu généreusement, alors que je n'étais rien et je lui en serai éternellement reconnaissant, mais... Fuck, pourquoi elle veut pas être ma bouche?...Eeeee... ma blonde! Je la veux! Elle est dans sa phase orale et moi aussi j'aimerais bien y être, dans sa phase orale!

Peau d'Âme, elle, veut. Son amour migrateur dit "peut-être", "oui" et puis "non", chaque été que l'on passe ensemble au Rainbow. Son corps et son esprit tuent la magie. C'est le genre de femme près de qui tu redeviens vrai, redeviens toi-même, sans fla-fla. Elle flingue tous les narcissismes tordus à la ronde et pogne le cul à Psyché de temps en temps. Éros est pas toujours content dans ce temps-là! Tu arrives à changer ta vibe et ton odeur grâce à la méditation ou aux arts martiaux? Tant pis pour toi! En sa présence, tes pieds s'enfoncent solides dans le sol, tu prends racine comme un mot entre deux virgules, t'as pas le phonème bohème, parce qu'elle est à la fois un être et un lieu à part entière. Le genre de femme qui te veut là, maintenant, vraiment le vrai toi ou ciao bye! J'aime la texture de son sexe. 

L'été passé, j'animais un atelier de méditation auquel tu es arrivée en retard. Tu n'as pas vécu de transe profonde, seulement tu es devenue plus présente, ton regard bleu s'est acéré, ton oeil gauche ressemblait à un guerrier qui fauche la brume et les faux bouddhas au passage. On est allés derrière un grand arbre à l'écorce un peu abîmée. La saison des castors, sûrement. Tu t'es mise à genoux. A commencé à défaire ma ceinture, abaisser mon pantalon. Tu as caressé mon sexe un peu brutalement, ta main était froide. Et puis, tu as mordu mon sexe à la tige! Saloche! Pourquoi? Mais pourquoi? Parce que je suis un idiot qui ne répond pas aux lettres, parce que j'aurais pu donner des nouvelles, parce ton frère m'a vu réinventer l'amour avec une de tes amies. Mais tu as tellement d'amies, pis tu veux un couple ouvert! Deux miroirs qui se renvoient leur reflet sans cesse, pis toi qui les pète sans vergogne. Je sais qu'y faut pas genrer l'amour, mais t'es définitivement la plus "masculine" des deux. J'aime beaucoup ça, et à quel prix!

Tu me laisses avoir les airs ridicules d'une poupée gigogne qui ne sait pas parler. Tu embrasses encore mon pénis. Fais entrer le bout dans ta bouche. Plus profond. J'aime beaucoup. Tu suces, tu aspires fort et je trouve ça bon. J'aime bien ton accent de Québec, avec une tonalité un peu plus aiguë que la moyenne, comme lorsqu'on pose une question, et avec cette tonalité ambiguë tu affirmes les choses. Tes lèvres contre mon sexe font de même. On dirait que ta bouche pose une question innocente pendant que je m'abandonne et c'est irrésistible. Ta bouche est chaude! Brûlante, joueuse, aimante.

Tu te retournes, tes doigts amènent mon pénis tout contre ta vulve, tu te frottes doucement sur moi en me tenant bien, je sens ta chaleur, tu es déjà toute mouillée, tu me fais entrer et sortir juste un peu. Ça y est, tu laisses entrer. Tu ne serres pas ton sexe autour du mien comme d'habitude, mais par petites palpitations, c'est très doux, très rassurant. Me noyer en toi. Sans avoir mal. Je me sens comme si des tentacules de calamar se frottaient contre mon sexe, mon gland, la tige. Ne confonds pas avec des tentacules de pieuvre: oui, la pieuvre a neuf cerveaux et quatre coeurs, mais le calamar aime avec une innocence, comme s'il ne savait pas qu'il aime et qu'il tient un sexe dans sa yieule de mollusque. Si c'est un amour plus violent et vorace en principe, dans les faits, le sexe de Peau d'Âme est un calamard odorant dont la texture rappelle celle des créatures et des algues poreuses, gluantes, vivant au fond de l'océan salin. Et tout l'amour de la vie est là. J'aimerais mourir noyé. J'ai pas l'argent pour aller aux îles Andaman, ta bouche est une violence gratuite de torrents, de bulles et de remous autour de ce qui pourrait être une anémone, mais n'est que mon sexe. Je t'offre humblement sa couleur, sa grosseur et son amour infini. C'est cute ça. Hummm... Y a-tu des océans pas salins? Y a des vagins secs en tout cas. Et des pénis qui ne savent qu'aller et venir dans le même sens durant un gros vingt minutes en poussant des cris de gorille. Pensant faire du bien aux femmes. Moi je pense qu'on ne se parle pas assez, les hommes et les femmes. Et Peau d'Âme pense que je devrais fermer ma gueule quand on se fait du bien.

Anyway, je dis pas que les amours respectueuses, sincères et chaleureuses n'existent pas sur terre. Je dis que tout ça vit SOUS terre. L'amour veut votre peau! Non, plutôt, plus la définition de l'amour est étroite, moins l'amour veut de l'humain. Plus étroit=moins excitant, compris? Qu'est-ce que le respect et l'amour, à une époque où je préfère m'acheter une figurine de Totoro ou un costume de school girl (pour ma blonde, là!) plutôt que de parrainer un enfant en Afrique? Ou en Espagne ou en Grèce. N'importe où, de toute façon la misère se commercialise bien par les temps qui boitent. Ô toi, ma très jolie boule de cristal meth, dis-moi quel pays ne sera pas pauvre et en crise! Seul l'Otan nous le dira...

Heureusement on peut encore se procurer des coups de reins gratis et de l'amour bénévole. Et oui, j'ai enfilé des demoiselles au Burning Man, j'en ai aimé de nombreuses et non, y avait pas que du mépris. Toujours, ici et là, quelques caresses authentiques, un regard reconnaissant. Comprendre que l'autre se sent triste et seule dans son cosmos secret, mais qu'elle vaut tout de même la joie d'un câlin, d'apprécier le son de sa voix, d'emporter à jamais, inconsciemment, l'intimité de son parfum, la fragrance de sa peau. L'identité de ses cris. Seulement, je vous promets que Peau d'Âme est dans une autre catégorie. Celle des âmes soeurs. On s'est perdus de vue si souvent, elle a essayé fort fort de me rendre jaloux (les efforts étaient sincères, les mensonges on ne peut plus vrais), elle a eu des tas d'amants, et même si elle est l'une des plus jolies parmi les êtres de chair que mon coeur a aimés, je n'ai jamais trop souffert des mensonges et des trahisons. Elle est mon flambeau d'énergie blanche, elle est la caresse qui me fait jouir dans le sens du coeur. 

J'm'excuse sincèrement. On est rendu là... Au point où je fais d'la propagande de manga clichée. Une manga qui te juge si le premier c'était pas le bon. L'apologie de ces historiettes où ton ami d'enfance est le seul grand amour de ta vie, alors ne le laisse pas passer sous les roues d'un camion, sinon maman vagin aura froid en hiver pour les soixante prochaines années... Tu sais, un univers où ton hymen est frileux devant un bonheur trop nombreux, comme si ça se pouvait. Comme si la jalousie s'aimait ou si l'autre demeurait passionnant pour toujours. Le concombre est toujours plus vert ailleurs, disait ma grand-maman. Elle oeuvre bénévolement dans des jardins collectifs, si vous voyez ce que je veux dire.

De toute évidence, le premier amour qui dure toujours sera ma vérité de passage et ça ne le sera pas pour aucun ou aucune d'entre vous. La réalité est ainsi faite. Vous avez le droit de vous sentir coupable de ne pas coller à la propagande à l'eau de rose ou pornographique qu'on vous vomit sur le coeur et la psyché depuis votre naissance. Peau d'Âme et moi grandîmes chacun d'notre joyeux de côté, elle vivant à Québec et moi à Montréal. Nous vîmes nos parents respectifs se faire la vie dure dans un nid à hippies où les rêves sont acérés pis où tout l'monde tire sur le même petit bout d'couverte en parlant d'amour, en appelant le grand esprit. Moi je dis sauge qui peut!

La tradition et la communauté ne protègent pas de tout. On a continué de se voir au Rainbow par-delà l'enfance, tous les étés, parce qu'on aimait bien le camping, la communauté, se baigner nu, l'idée du bâton de parole et des huttes de sudation. Parce qu'au vingt-et-unième siècle, ça se peut encore, un groupe de femmes vivant une cérémonie sacrée en se baignant dans l'eau d'un lac au nom amérindien, sans qu'un perv' rôde autour. Dans les faits, c'est le genre d'endroit où tu rencontres un mélange d'itinérants, de femmes monoparentales élevées par leur enfant, de punks entourés de plusieurs chiens, d'étudiants et étudiantes passionnéEs et pleinEs d'amour, d'ouverture, de candeur (et d'odeurs, ça se dit-tu?). C'est infiniment beau, sentir la vibe et l'esprit du Rainbow. Vrai de vrai! Tenir la main de toutes ces belles personnes autour du main fire, attribuer une importante fragile, infinie au cercle de discussion et au bâton de parole. Il y a quelque chose là-dedans, je te jure! Et faire l'amour dans les buissons avec une femme très tendre en espérant ne pas mettre le pied dans un shitter clandestin, cette fois-ci... Quoi de plus excitant?

Souvent, on était que trois. Toi, moi, la lune. 

On découvrait les spots charmants de la forêt où personne d'autre ne semblait aller. La poésie a davantage besoin de nous que la tristesse. Et nous deux ensemble, on avait définitivement le sens de la poétique. J'ai un secret! C'est rare, parce que je suis vraiment hot, mais des fois, j'ai peur que tu trouves mieux que moi. Je te couche dans l'herbe et la mousse, dépose ta tête sur l'une des racines de ce gros arbre (maudite propagande patriarcale, je sais, c'est un symbole phallique raide et arrogant). Ce n'est pas une bonne idée, tu te déplaces un peu mais je suis couché sur toi, ce n'est pas très pratique. Quelques moustiques bourgeois viennent nous bruncher. D'une force contrôlée (j'espère en tout cas), j'écrase la bourgeoisie contre ta poitrine, je t'aime, je t'aime, tu es chaude et gluante, je coulisse en toi, je ressens ta texture, mon sexe sens tes sillons, je suis comme à l'intérieur d'une grande chenille sacrée. Les mots doux meurent dans ma bouche pour ne pas te perdre. Je murmure l'éternité fragile à ton ventre en éjaculant des papillons blancs. Ils s'écrasent visqueux, paresseux, d'un sommeil héroïque, au centre de ta destinée.

Je veux faire du pouce vers le coeur de ta forêt, ne pas emporter assez d'eau, te baiser, brûler mes réserves personnelles et puis mourir. M'éteindre, lampe-tempête, au fond d'un sourire de toi. Me réincarner dans une autre scène où je fais l'amour à une autre toi. Des fois que ton âme infuserait dans un autre être dans cent ans. Je ne veux pas manquer ça, parce que je sais que certaines caresses étaient absentes, qu'un jour tu auras besoin, que ton soleil mouillé se comprend d'une façon unique et que je suis l'une des quelques clefs qui réveilleront ce soleil. Je t'aime, voilà tout. J'ai un peu honte aussi.

Je veux me faire croire que l'amour rit gentiment de moi, que tes hanches peuvent m'aimer, ta poitrine me faire confiance. Je veux croire que tu pensais à moi quand j'étais couché sur toi, lové tout contre ton imaginaire, tes sensations, ton souffle. Je veux espérer qu'un jour la poésie quétaine et la pornographie cesseront de m'étrangler, espérer qu'à toi et à toutes les femmes  j'aurai les tripes assez violentes, téméraires et fortes pour me montrer vrai et ne pas avoir peur de dire "Bonjour! J'aimerais tant te rencontrer, te découvrir et ça pourrait ne pas marcher, je pourrais avoir le besoin de m'éloigner, te dire non, ne penser qu'à moi et courir le risque de ta souffrance, de ta perte. Veux-tu m'aimer?"  

La solitude à deux. Qui est le malade qui a inventé ça? Comme un mensonge de papier que l'on plierait en deux, qu'on lancerait au loin et qui reviendrait, oiseau de malheur, plâner dangereusement au-dessus de nos têtes. Combien j'en vomis par jour pour ne pas blesser les femmes, avoir l'air gentil, éviter la guerre? Pour éviter le bonheur d'être soi tous deux et de se rencontrer dans cette terrible, cette tragique vulnérabilité courageuse. J'ai juste une chose à dire: on meurt un jour, alors blesser le coeur d'une femme inutilement, maltraiter l'homme qu'on aimait, c'est criminel. Allez vous payer une rose chez le fleuriste ce jour-là où vous n'aimerez plus, quittez l'autre mais ne faites pas de mal.

Ton nom de Rainbow, c'est Peau d'Âme, et je suis le seul à le connaître. C'est notre promesse à tous les deux. Mon sacrifice? T'as droit à ma queue, c'est pas assez? En fait, mon cadeau à toi, c'est le premier soin énergétique que je t'ai offert, parce qu'il y avait tout mon coeur gratuit dedans. La différence, quand je te fais l'amour à toi, c'est que je sens tes atomes. Et que j'aimerais être le papa de tes enfants. Et que tu ne veux pas. Tu te rappelles la fois où je te masturbais avec mon talon, tout doucement, j'étais surpris de mon habileté :ch't'un crisse de cosaque d'habitude! J'étais vraiment heureux et excité de sentir ta mouillure contre mon peton. Tu gémissais bien, ton visage était différent. Tes lèvres étaient froides et plus raides, tu tenais ma queue comme tu pouvais, moi derrière, et j'ai joui sur tes vêtements. Ton sourire m'a embrassé. Tu suais, tu sentais bon. 

Flouchteflouch! Ambiance chaudasse de buissons bruiteurs. Sous le grand arbre, j'oubliais. Les flashbacks sont voraces cette année! On se baise au rythme des champignons magiques et de nos corps qui fondent l'un dans l'autre, comme les barbares celtes en transe couraient nus, dans la neige, vers leur dernière bataille. Délicatesse des consciences anonymes balayées par la neige, la clameur, les coups de hache et d'épée. Un bras qui part en vacances. On est peu de chose! Le port de l'armure est une lâcheté inventée par les hommes et que les femmes excluent d'avance. Je ne m'arracherai pas un sein pour tirer à l'arc, mais quand tu décocheras des flèches qui se planteront dans l'épouvantail, je dirai "Houlààà! Quel beau tir, bravo ma belle amazone tantrique!" et tu me cloueras le bec: "Mange-moi!" Créature mystérieuse aux bras et aux jambes multiples, sculpture de derme se façonnant au fur et à mesure que les caresses persévèrent, nos corps d'argile deviennent l'interstice où le rêve s'embue et la création commence. À se jouir l'un dans l'autre. Tu deviens l'homme, moi la femme. Nos sexes sont deux jolis minois. Ils sentent bon et on s'aime de se voir s'aimer. Je suis l'espace en toi qui m'aspire, tu es ce besoin de me sentir tout abandonner dans ta lumière. Encore une fois. Nos souffles marchent, gambadent, courent côte à côte. Fidèlement. Nous assassinons le christianisme et la laideur du monde à chaque coup de reins, chaque coup de rien du tout. Quand je viens, tu as l'habitude de lécher mon sexe. Tu aimes mon goût. Il t'en remercie.

Je ne sais jamais comment te parler de toi. Je viens en toi, dans ton corps, je suis dans toi ou tu es autour de mon sexe? Non, tu n'es pas juste autour de mon sexe, ce serait ridicule. Tu es clairement mon lieu, ma chair, ma femme, ma finalité. Des bribes de mon destin vivent maintenant dans ton identité, dans ton souffle sacré. Les pores de ta peau. Tu es mon pays d'origine, car peu importe le temps et l'espace qui nous séparent, quand on se revient, je me sens chez moi. L'avenir appartient aux autres, mais en attendant, lorsque tu m'accueilles, je me sens comme si une fleur sacrée m'aspirait. Tout est là, je crois.

Et même si je vous veux toutes libres, je veux que vous soyez à moi durant ces quelques instants seulement. Et être une offrande à votre dieu païen. J'enlèverai mes gougounes boueuses, avant que de pénétrer à l'intérieur de votre temple sacré, soutenu par des colonnes vertébrales. Les femmes, vous êtes mon espace, je suis votre temps. Je suis la fougère avalée par son propre sol. Tu es la blessure, je suis la brûlure, je suis la corne, tu es la tête, moi les veines, toi le coeur, je suis le thé de dix-sept heures, tu es l'anglais moustachu, je suis la lande mystérieuse, tu es la pioche, le galop, l'oreille posée contre terre et, Peau d'Âme, tu es avant tout la femme la plus tendre et la plus à l'écoute, la plus emplie d'une joie de vivre douloureuse et sincère que j'aie jamais rencontrée. Et j'ai peur d'oublier de dire "merci" à la vie pour toi, ta présence, les moments seuls à avoir hâte à ta fragrance, ton sourire, le bonheur qui illumine ton visage luminescent, vivant. Avoir faim de toi.

Je n'ai respecté aucune des règles, aucun des codes stylistiques arrogants et intrinsèques à la postmodernité: phrases trop longues, pas de JE continu décrivant humblement ce qu'il voit comme un gamin avec rien dans la caboche. Certains temps de verbe ne facilitent pas la lecture. Ponctuation houleuse comme les coups de reins d'un homme essoufflé de tristesse au moment de faire l'amour. Du jugement, des opinions, du sexe crade, des mots mous, de la peur et des doutes moins chers la douzaine. Je ne te viendrai pas dans les yeux. Ça non. Tu ne m'aimeras pas toujours comme j'aurais envie. J'espère juste que nos deux phares demeureront ouverts et lumineux dans un monde tissé d'exigences et de certitudes avares. Tu es un train-lumière et moi je n'ai pas de gare pour t'accueillir, par les temps qui courent. J'espère que nos mensonges à venir seront les plus minuscules du monde et que notre vérité ne sera pas trop dure. Que le sexe sera plus magique, empli d'énergie et de bon karma que les clins d'oeil de Bouddha. J'espère aussi t'offrir les caresses les plus tendres et les plus créatives de toute ta vie et que d'autres t'en offriront de merveilleuses après moi. Parce que nos cerveaux ne sont pas faciles à vivre. J'espère que tu sais... que je t'aime. Plus que tout. Mon inestimable toi.

C'est à peu près comme cela que se termine cette histoire où l'homme se sent grotesque de respirer les atomes de la fleur, alors qu'il pourrait un jour la cueillir, sans même y penser. J'enverrai le manuscrit aux entreprises de Harlequin, ils riront grassement. D'un rire qui s'aime bin gros. Je montrerai ça aux amis, ils s'ennuiront certainement, racleront leur fond de gorge, s'évaderont avec un commentaire aussi concis que poli. Et toi, tes yeux saignent-ils et est-ce que ton sexe pleure? As-tu aimé à une main, même si c'est une queue t'a raconté son histoire à l'eau de prose?

 

-Gabricot

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