Les gens que j’aime
J'irai danser le flamenco
Et le merengue dans vos mausolées
Jouer à saute-mouton sur vos tombes
Harceler vos corbeaux de compagnie
Et peut-être que l'ensorcellement
Portera ses fruits défendus,
Que ceux qui jouent à cache-cache
Sous terre, abasourdis
Jailliront des reins de Gaïa
Quitteront leur petit lopin d'éther
Pour embourgeoisés only,
Qu'ils se jetteront gouliafres
Sur les poètes sans retenue
Dévoreront les consciences parasitées
Par les rimémettes, trop souvent
Des rimes pauvres au demeurant
Peut-être serai-je le premier mais pas le moindre
Des humanoïdes grotesques au dessein obscur
À servir d'encas à cette marée cadavérique
Parce qu'on ne cache rien aux fantômes,
Pas même une lettre d'amour parfumée
Écrite quand on avait seize ans,
Et qui contient des rimes en "é", des rimes en "i"
Qu'on croyait oubliée sous une pile de vieux habits
Il est aussi fort probable que la camarde soit en vacances
Qu'elle fasse de la plongée,
Qu'elle admire poissons iridescents, coraux
Et anges de mer quelque part en Australie
Ou qu'elle ait été visitée par l'Alzheimer avant l'âge
Car sur la belle planète bleue
Il reste tout de même de nombreux académiciens et cons de droite
Des bipèdes conservateurs ou aux valeurs individualistes
Des aristocrates déchus et des hominidés multimillionnaires
Que la faucheuse aura cru bon d'oublier
En attendant je m'en vais de ce pas
Exister en marge d'un tissu social
Devenu trop synthétique pour laisser ses hôtes respirer
Dans un non-lieu sans âge, sans nom
Dans une grotte ou sous un viaduc
Quitte à vivre entouré de tritons nomades
Et de Moires transpirant l'itinérance camouflée
Expert de la pensée magique
J'espère danser encore, ne serait-ce qu'une ultime fois,
Avec Dionysos et ses petits amis de la forêt
En buvant du bon vin ou en imaginant celui-ci
S'écouler sur mon enveloppe charnière
Couverte d'ecchymoses et sanguinolente
Puis je m'éveillerai de l'autre côté du monde
Avec des millions de chats en travers de la gorge,
Me demandant: Ai-je oublié l'essentiel?
J'ai fait la guerre contre toutes les chimères et tares
Qui me semblaient dévorer ce qui m’est cher
Littérature, musique, danse, culture, justice, respect et dignité
Mais ai-je étreint une dernière fois les gens qui me sont chers?