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Le Phonème Bohème
Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
4 février 2015

L'araignée qui s'aimait à moitié

On joue le jeu de l'araignée à deux. Dans le lit. Je regarde les draps avec un air croche. Parce que ça me rappelle mes cours de dessin pis les maudits drapés. J'comprends les itinérants qui dorment dans une boîte de carton sous une feuille de papier journal, disons. L'araignée humaine, c'est nous deux réunis, huit pattes, quatre yeux, deux coeurs, pas de dieu. Tu sais que je te viendrais dans le con si ça t'adonnait de prendre la pilule? Mais non, madame pense à sa santé! Pas de médic' dans son temple sacré. Je ferai pas semblant de pas te comprendre, par contre. Mon plus cher fantasme, pas encore assouvi: te venir dedans une bonne fois ou deux, si faire se peut. "J'ai-tu dit que t'avais pas le droit d'entrer sans capote?"

-Crisse, tu veux-tu m'torturer ou tu veux un enfant?

-Ah ah ah ah! Viens ici mon chéri!

Tu m'en mets un beau. Ultra-mince. Pas des crisses de Trojan qui pètent tout le temps! Y a bin jusse dans mythologie romaine que le cheval de Troie a fait son effet. Là, tu me fais la chose un peu cruelle, tsé, où tu écrases ton joli petit minois dans l'oreiller en levant ton cul? Pour que je voie bien. Par conscience professionnelle. Chus un peu dur, tsé. Tu attends patiemment, j'approche à genoux pis je rentre dans la bouche de la déesse sans visage. Déjà, elle salive, pratique ses exercices de diction. Mais je la remplis de ma chaleur, soigneusement.

Et puis c'est la partie tactique qui commence: je te sens soyeuse, juteuse à souhait, tu mouilles mon horizon d'attente, ta peau est douce, tu es une figue entrouverte, grande ouverte, coupée en deux, je vais prendre un peu de recul question d'aller et venir moins vite. De ne pas venir dans le quart de seconde. Pour éviter ça, tu te jettes sur mes testicules, ta main les retient, tu me gardes bien au fond, en sécurité, là où il est chaud pis gluant. Il n'y a que dans le sexe que je te trouve féminine. C'est les cris. Ils sont aiguës. Ma petite soprano aux belles épaules.

Autrement, tu as l'air d'un guerrier cosaque monté sur un cheval noir qui parcoure les étendues gelées en coupant les têtes des villageois au passage. "Meurtre, pillage, viol, feu et sang!" C'est un peu comme ça que je me suis senti quand tu m'as dit que tu m'aimais en me prenant violemment par les cheveux pour m'embrasser. La première fois. On a eu de la chance que je t'aime aussi, hein? Je me sens comme ça en ce moment. Tu te fiches de savoir que tu me lacères les couilles avec la serre de l'aigle que tu as apprise au kung-fu. Tu te fiches de me faire venir en deux minutes comme un petit pantin de viande qui essaie de se mettre en valeur en ayant les yeux brillants, verts.

Je voudrais demander à l'araignée si c'est bon, mais c'est pas avec ses mandibules de testicules qu'elle va me répondre. À deux, on forme une araignée à la chair rosée. Qui se fait jouir, qui se fait couler. Qui sait se faire du bien en ta'! Si un yogi fait la posture de la mouche à côté de nous, c'est sûr qu'on va le bouffer! Pour se redonner de l'énergie.

Toi, quand tu veux, ton sexe pleut. C'est parce que là, c'est la pleine lune, pis tu deviens folle dans ces temps-là. C'est un soir de pleine lune qu'on a couché pour la première fois. Je te le dirai probablement jamais parce que je veux pas que t'ayes trop de pouvoir sur moi, mais c'est ton regard lumineux, ce petit clin d'oeil, ton haleine glacée dans la nuit pis tes longs cheveux bruns qui m'ont séduit. For fuck sake! Quand t'es pas là, je zieute la belle à cratères dans son ciel, je lis des haïkus pis je bois du saké. La vie est tordue dans ces moments-là. 

Mais pour l'instant, tout va bien, tout est merveilleux. Tu es là, nos deux corps s'emboîtent, tu as une énergie vorace. Le lit fait un bruit de mongole, mais on est pas chez moi donc tant pis! À un moment, t'as une crampe alors tu te déplaces et le corps de l'araignée se déchire. Nooonn! Ma queue est trop ardente pour l'air ambiant. Je retourne en toi au plus vite, bien au fond. Ton visage est couvert de sueur et tu gémis comme la fois où tu t'es foulé la cheville en montagne. Le langage des fluides fait sa job.

Fuck off! Je sens que je vais venir, je garde un rythme aussi lent que possible, prends de lentes et profondes respirations, je serre tes hanches plus fort pour que ça paraisse pas trop que tu vas me vaincre, encore une fois. Je sais pas s'il reste d'autres condoms ou si j'aurai d'autre jus après. Toi tu t'en fiche. Tu caresses mon Boursin avec ta coutelle, tu essaies vigoureusement d'en arracher un morceau on dirait! On est loin des "Cinq à sept" du département de philo, où les gens faussement modestes et bourgeois regardent les derniers morceaux de fromage sur l'assiette d'argent, en attendant que la belle blonde choisisse le sien en disant "merci", pis que la geek le prenne à sa place en respirant fort.

Tu te dis "c'est à lui de me faire jouir", mais tu me laisses pas une chance, tu me bouffes avec ton vagin tout rose. La fleur carnivore demande pas aux mouches si elles veulent du nectar, sont nées pour ça! J'enfonce mon colibri obèse, je bois sournoisement, ma queue s'humecte à ta source et se remplit de toi. Tes parois sont fibreuses et douces par endroits, j'ai l'impression que de la dentelle de chair m'effleure sous ta jupe de peau. Ton costume de viande c'est le plus beau. Ne l'enlève surtout pas! Tu me fais plaisir, tu me fais la prise du vagin qui se resserre et se relâche rapidement sur sa proie, tu as quelque chose d'inhumain, il y a quelque chose d'impie dans tes hanches. Tu bouges bien, tu es chaleureuse. Ta tête cogne un peu contre le mur mais tu ne lâches pas, tu la tournes sur le côté, mets ton bras droit devant. Maintenant, tu ne peux entendre les sons que de l'oreille gauche, et c'est déjà mieux que l'araignée moyenne. Je te serre tellement fort au bassin que t'as l'air segmentée, j'voudrais faire éclater ton p'tit corps en morceaux pour voir l'âme qui manipule les manivelles à l'intérieur, pis lui dire deux p'tits mots sur ton bonheur. Tu fermes les yeux. Tu respires plus fort. Ta peau est rougie par endroits, tu gémis. Je ne sens plus mes gosses, tu dois avoir mal à tes genoux, le bon dieu a voulu le sexe féroce. Ostie d'sadique!

Je suis trop excité, je te sens bien, je te griffe le dos, puis je m'agrippe vite à tes reins pour ne pas sortir complètement. Pas un seul instant. Au point où tu m'as amené, je ne peux plus rien retenir, alors je vais prendre tout ce que je peux. Je te viens dedans. Dur. Fort. Puissamment. Tu sues, mon coeur bat très très vite, je sens la veine palpiter contre ma tempe. Tu es tellement mouillée, l'arrière de tes cuisses et ton derrière aussi. Tes lèvres sont gonflées, tes yeux ne s'ouvrent plus. Tu respires entre les dents. J'ai la tête qui tourne. Chus un ostie de tigre repu et orgueilleux de tendresse. Tu as l'air bien, toi aussi. Je sors lentement de toi pour ne pas perdre le condom en débandant. Je le tiens bien et me retire. Pour me rendre compte que le préservatif est percé.

-Fuck!

-Quoi?

-La fée des trous est passée!

-Oh non, tu me niaises?!

-Non, chus désolé.

-T'es mieux!

Attends, elle était pas sensée me dire "c'est pas de ta faute, tu pouvais pas savoir"?

-J'ai rien senti, je l'ai pas senti se briser. Je sais pas comment c'est arrivé, tu me l'avais mis, toi. Et c'était lentement!

-Pis j'ai pincé la p'tite bulle...

-Oui, la p'tite bulle y était...

-C'est la faute des maudites industries du plastique!

-T'as raison, on devrait sortir manifester avec nos casseroles, toi en brûlant ton soutien-gorge et moi en allumant une clope!

On essaye de se rassurer avec l'humour, mais ça marche pas tant. C'est que c'est pas la première fois que ça nous arrive, à tous les deux...

-Ou bien, on pourrait peut-être... faire l'amour sans condom?

-Quoi?!

-De toute façon, demain, va falloir qu'j'aille acheter la grosse pilule.

-Ah, mais ça fuck toute ton système quand tu prends ça! J'veux pas te voir vomir pis avoir mal au ventre, ma belle!

-Pis tu veux-tu t'voir courir partout en version miniature, papa?

-Mmmhhhh. Merde, ma douce... Chus vraiment désolé!

-On pouvait pas savoir... La prochaine fois, on fera plus attention.

Ouin. C'est ça! La prochaine fois que j'te fourre, j'mets mon plastron avant d'buter l'dragon avec ma queue flamboyante!

-Un scaphandrier ça serait pas de trop entre nous deux. En plus, t'es hyper-fertile! La prochaine fois, j'te mets une éponge de mer dans l'fin fond du con. 

-Tendre toi...

-J'm'excuse. 

-Viens me faire l'amour doucement, cette fois.

On se refait le monde de nos peaux amoureusement. Le peuple de nos doigts nomades explorant tout de nos corps, de nos coeurs. Toi couchée sur le bedon, les jambes étendues, je t'effleures et ta chatte mouille encore. Je murmure des choses douces et incompréhensibles, collant mon soleil tout contre ta vulve familière. Je te pénètre avec lenteur. Elle est exiguë, chatouilleuse, profonde. Tu es une timide du sexe. De ton sexe. Il est chaud et tu apprivoises ce lieu autant que moi, à chaque instant tissé de caresses. Et tu aimes beaucoup ce que tu sens dedans. T'est une petite fille de trente-quatre ans!

Je pense que j'aurais aimé te dire exactement ceci: "Tu sais, tu es la femme de ma vie et ce sera un honneur de te faire des enfants. Je veux qu'on en crée, maintenant." Mais on ne dit rien de ces choses-là avec un ton et une pensée sincères. On s'aime, c'est tout, c'est banal, c'est humble. Rien à dire sur le futur. L'araignée de viande et de cris peut recommencer. On se baise sur la toile de nos destinées et j'espère que la tienne soit fabuleuse. Faut aussi dire que tu as les yeux les plus amourables et amourants que j'ai vus de toute ma vie. Alors, pas de quoi s'inquiéter pour ton bonheur, je crois.

Je te jure, cette nuit-là, quand tu dors, je te caresse le ventre. Tes paupières sont fermées, tu portes ton petit pyjama. Je pleure un peu, lentement, parce que je sais que j'aime comme un toaster. Je suis un silence qui te regarde avec des yeux de chouette phosphorescents. La lune est pleine dehors. Des nuages passent lentement, en strates, dans le ciel muet et sombre. Les nuages se foutent du bonheur et du malheur. Ça doit être un signe.

Et je ressens une peur. C'est bête une peur, parce que c'est un langage hors de dieu et de l'humain. Ma peur, c'est que je sais que je veux te faire des enfants et vivre avec toi pour toujours, mais toi je sais que tu peux prendre les choses avec légèreté. Tu as déjà été heureuse avant de me rencontrer. Tu es belle, talentueuse, brillante et tu plais aux hommes. Et ton coeur est si pur que même le mal s'éprendra de toi, s'il te rencontre. Côté jardin, c'est différent: oui, tu me combles de bonheur et de douceur, ma belle, mais si tu voyais combien j'ai du souffrir pour me rendre à ton altitude naturelle. Pour arriver à chanter, danser, sourire parfois. Alors j'ai peur. Les chances sont minces comme des cornées qu'on se vive ensemble toujours, et avec cette ouverture sur le monde que tu as, autant dire que tu es la nomade des corps enlacés. Une voyageuse de la chair et des soupirs. C'est peut-être que le plaisir naît, vit et meurt dans les femmes. Je m'imagine me masturber sans toi, quand je suis malheureux. L'image est grotesque. Je serai peut-être le parrain de tes enfants, qui sait? Enfin, si seulement je peux me rappeler que les personnes comme toi existent, ça sera déjà pas si mal. En ce moment, tu dors près de moi, tu es une femme et je t'aime, et il y a autant de chance, de bonheur et de préciosité dans cet instant que dans le coeur de l'univers. Merci d'exister!

* Happy ending!!! *

 

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