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Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
8 janvier 2016

Argus bleu, j'peux-tu t'tutoyer pis déposer ma grosse main su' ta 'tite cuisse d'insecte?

-Oh, look: it's a butterfly!

-Nah, it's just some margarine fly...

-A bug?

-Yeh, a bug. A filthy, smelly, squashy flying fly!

-Blablabla, blablabla bla!!

 

Y a jusse en anglais qu'on peut parler d'un papillon comme d'une mouche a beurre, tsé!

J'ai rien contre ça, ça donne jusse envie de l'écraser sur une toasse, cé toute!

Er'marque: papillon, papille, bof... Baiser papillon mon cul! C'est pour ça qu'en français, y faut avoir un peu d'vocabulaire, jusse un peu. Tu peux t'éviter l'enfer sémantique du mot "papillon" pis dire "lépidoptère" à place. 

T'as une sorte de papillon, "Le grand porte-queue" (nom choisi par un scientifique lubrique), c'est très rare comme sorte de papi... de lépidoptère. Pis t'as l'Argus bleu, un charmant insecte tout classy tout flamme, avec le fond des prunelles toute bleu pis le charme d'un Algonquin monté nu sur un colon essoufflé.

Mais ça, t'as pas ça en vernacul... si t'as pas un minimum de mots dans la bouche. Pis j'dois dire que chus tiraillé entre deux dangers: la façon de sentir d'une personne pis le genre de menu affectif pis sensoriel que se réserve un humain dépend du champ lexical employé. J'exagère-tu? Pas vraiment. Les représentations mentales de l'humain (pensées et images mentales) donnent naissance aux sensations. Une image sordide et vient une sensation désagréable; un heureux souvenir et la relaxation musculaire pointe le bout de son nez. Pis toute ça est huilé par notre lexique, parce que la moitié des pensées environ apparaissent sous forme de mots, comme j'disais.  Et plus on a d'imagination pour se représenter la réalité, plus on peut cultiver une distance par rapport à notre vision du réel, reconnaître par exemple qu'on peut porter deux regards différents sur une seule et même chose. Un bestiaire lexical tout garni aide à se détacher de la réalité, des sensations, des pensées. À moins qu'on s'attache beaucoup à ce vocabulaire ou qu'on s'identifie beaucoup aux pensées intelligentes que notre carcasse génère. Alors c'est dans des eaux grises qu'on patauge à la recherche d'un équilibre corporel (homéostasie's the name). Le vocabulaire, c'est comme une fabuleuse amante qui collectionne les ITSS qu'on retrouve dans tous les pays du monde, lors de ses voyages: c'est tentant comme d'la crème glacée, pis en même temps tu sens qu'y a anguille sous le sundae.

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