Ton ventre plein de moi
Le nirvana putréfie et corrode ma cervelle
La belle et la bête s’allaitent
Mutuellement, bouche bée
Les contraires satyres se lovent
Dans de noirs et blancs drapés
Cascades d’organes et de viscères
Il faut bien pénétrer les fleurs de chair
Franchir le voile organique
Pour rendre visite aux troglodytes
Qui boivent de la tisane aux nénuphars
Derrière le rideau aquatique
Le petit doigt en l’air
Mais mégapoles nécrophages
Et gratte-fiels infâmes
Programment nos destinées
Lorsque pondre des larves de joie
Derrière les yeux de l’autre
Est le dernier ange nucléaire
À nous bercer dans les tentacules de son aura
Des volucres ancêtres des pies kleptomanes
Dérobent l’âme et les reflets
Du mourant en transe
Viol féerique du bastion des sens
Je bois le vitriol de tes sourires
Jusqu’à la lie et c’est si bon
De se noyer dans la houle
Des pensées corrosives de bébés
Embourbés dans le spleen
De leur époque réjouissante
Alors que des milliers de bras d’enfants
Sortent du vortex qui boit
Tout des mangroves de l’aurore,
Des fauves vénéneux et incandescents
Comme des empires fongiques
Pourrissant l’écorce d’un vénérable hère
Ses bois étirent leurs doigts
Sur lesquels les lucioles se perchent
Admirant les sols pleureurs,
Les rivières de miasmes toxiques
Ruissellement souterrain des pensées
De l’envers de l’humanité
Il ne manque plus qu’une petite
Déflagration archangélique
À l’échelle planétaire et bientôt
Ce sera la paix inexorable
Même les minuscules crabes du cancer
Se feront la belle et laisseront
Les hécatombes en suspens
Tango des gouffres intangibles
Fission du jardin d’atomes
À l’ombre de ta chevelure de méduse
Rais chatoyants, éternels et amoureux
Entortillements capillaires
J’embrasse et je bois à la coupe
Le cœur effervescent des morts
J’exorcise les calories vides du réel
Et j’encule ma solitude qui gémit
Comme une petite conne délurée et frivole
Le vautour des soupirs d’outre-tombe
Aperçoit l’orchidée de son vol éclore
Et virevolte en apesanteur
Rejoint les anneaux de saturne
Pour saupoudrer l’inspiration sulfureuse
Qui pousse un cœur libre des lois
De la nature défigurée
À traîner le pantin désarticulé,
Le squelette colossal de nos exergues
Par le plexus solaire urbi et orbi
Caravansérail solitaire sur des chemins
Parsemés d’étoiles filantes
Faut-il cultiver, domestiquer jusqu’à
La sphaigne, les dédales enracinés de la sylve
Et la voûte des cathédrales arborescentes
Tressées de branchages celtiques
Pour être digne de se voir mourir?
Je vomis des litres de glutamate monosodique
Et suis le filon des essences sylvestres,
De la sève ambrée qui crépite
J’arrache mon auréole méphitique
La jette dans l’étang où la dame du lac
Pépie et fait des bulles en position fœtale
Et je deviens ermite à la chevelure hirsute
Je crée des décors magnétiques,
Des constellations électriques
Entre l’absence des êtres et moi
Des silences orgastiques se pressent
Et se blottissent tout contre mon oreille interne
J’arrache ce qui me servait de masque
Les rivages s’égrènent entre les doigts
De la houle sonore et les visages
Des nixes, des sylphes et des dryades
S’amalgament pour laisser transparaître
Les pétales artificiels d’une ataraxie contemporaine
Tout se redevient et je me leste de ma peau
Mes os je les lance au gardien des enfers
Qui incinère le réel de ses crocs,
Générant de charmantes distorsions temporelles
J’entends le ruissellement des rires de l’épiderme
Alors que je sors une première fois de moi-même
Et pénètre l’écrin de la nuit
En quête des phéromones du grand œuvre
Des joyeux et ravissants neurones
De l’alchimiste qui ne sait pourquoi
Il vit de plus en plus vieux
Alors que les précieuses connaissances,
Les proches chéris et les passants
Clamsent comme des moucherons
Aurait-il inhalé incidemment
Les vaporeux effluves de l’élixir,
Siroté la panacée par inadvertance,
Gobé la pierre philosophale par mégarde?
Une nouvelle mélodie bat en son sein
Je place mes écouteurs sur mes oreilles
Et puis clos les paupières
Pour percevoir du langage des oiseaux
Toutes les gammes et m’enivre
Des promesses des arachnides saugrenus
Qui s’expriment ex cathedra dedans ma tête
J’empoigne mes synapses à deux rêves
Et plonge dans cette fissure chimérique
Où des aspioles lèchent mes glandes
Dans une tempête phallique,
Un cataclysme de gonades
Et renais, mi-astral et mi-sexuel
Néophyte éthéré ou avatar d’Épicure
Dans la gueule de la renarde
À l’épicentre de tes glaires
Le sismographe indique
Des acrobaties de la chair
D’une magnitude de neuf
Quelque chose de l’ordre
Des floraisons apocalyptiques
Fait onduler les fleurs
Et les anémones d’un mal
Absolument sublime
Le peuple de mes sens éructe
Hors des favelas
Je bois de l’absinthe
À la vulve de fées vertes
Narcisse se noie dans son propre reflet
Mortelle cyprine des êtres surnaturels
J’avance, corbeau de minuit,
À petits pas de baisers sur le lotus
De mademoiselle qui me montre le chemin
Ses gémissements sont mes guides spirituels
Et l’éclipse lunaire exacerbe mon intuition
Aux douze coups de langue de minuit,
Mes muqueuses se métamorphosent
En humbles serviteurs qui titillent
Les fissions atomiques de celle
Qui renaît, charnelle, des vaporeuses oraisons
Pas besoin de boire l’alcool où macère un orteil
Pour se réinventer dans la volupté
Elle m’étreint si fort qu’elle me propulse
De l’autre côté de la vie
Et je renais dans son ventre
Même les pigeons de dieu
Ne savent plus exactement
Comment louanger nos prouesses passionnées
De quelle manière féliciter
Les embrassades des pieuvres amoureuses?
Or pas besoin de commentateur sportif
Pour briller dans les entrailles de la nuit