Pour l’amour de la parole
Massacre à la moissonneuse-batteuse
Champs lexicaux à feu et à sang
Chez moi on oublie d'aimer les mots
Comme on caresse les cheveux de ses gamins
Que nous en coûterait-il de lire
Le petit prince ou Les Moumines
À nos enfants merveilleux?
Il n'y a que peu de choses plus belles
Que le regard d'un mioche qui s'étoile
Créons des constellations de sens pour eux
Car nous sommes des experts du langage
Jouons avec les mots ensemble
À l'endroit où des croix semblent
Nous barrer le chemin
Déterrons des trésors sémantiques
Observons les racines lexicales oxygénant le terroir
Révélons, alchimique, une prose délicate et élégante
Pourquoi ne pas éteindre la télévision
Avec un marteau, comme par magie?
Pourquoi ne pas laisser s'envoler
Le portable par la fenêtre du haut du troisième étage?
Ayez un minimum confiance en lui!
Il trouvera l'endroit juste où se poser
Lorsqu'il sera fatigué par sa longue pérégrination
De nos jours, la garde partagée se joue toujours
Entre les parents et la technologie
Or nos mioches ont le droit de vivre un peu
Avant d'aller galoper courageusement sur les plaines du Walhalla!
Petit, regarde devant toi comme dans un miroir enchanteur
Observe ta nature métamorphique
Libérée des engrenages du quotidien
Par ce livre d'histoires qui renvoie
La moirure de tes rêves, ton émerveillement, ta surprise
Et n'y voit que des feux follets,
Une raison de te perdre dans la sylve abondante et mirifique
Des couleurs, des mots, des idées d'un autre
Et prêtes-y le sens, la sapidité, la profondeur
Qui sont les tiens
Un jour, tu seras encore plus grand que toi
Et tu donneras la vie à d'autres petits lutins
Amoureux de l'univers des marchands de fables
Alors qu'elle lumière partageras-tu avec eux,
De toutes tes forces et de tout ton être?