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Le Phonème Bohème
Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
13 août 2023

Les mots déploient leurs voiles à partir du moment où ils ont besoin de vous

Une autre bouteille jetée à la mer

Qui me revient remplie de viscères

Message de l’au-delà pulvérisant

Le château de cartes des flots avec fracas

Les mains algueuses de la houle

Éternellement radoteuse

Sont étrangères à la notion

De possessions matérielles

Et tandis que je débouche cet objet de verre

Me revient l’odeur de la peur

Plusieurs rangées de dents,

Un système nerveux à la fine pointe

De la prédation et l’œil torve du squale

Qui nage profondément dans sa phase orale

Vivant seul sur une île occupée

Par des canaris et des oiseaux du paradis

Même les fleurs ont hâte que je casse ma pipe,

Question d’absorber mes nutriments

Une orchidée est une orchidée,

Le temps est le temps

Il se métamorphose tour à tour

En bise, zéphyr, mistral

L’invisible joue avec la structure des choses

Et des êtres, les pensées et les croyances

L’air du temps devient vite obsolète

Mais sur un fragment d’archipel,

Tout revêt l’apparence et la nature de l’absolu

Infiniment seul, heureux et vivant

À méditer dans l’ombre étoilée des cocotiers

Chasser du perroquet pour manger du pigment

Transformer ces boîtes à musique en festin de roi

Pour les oreilles et m’éveiller d’un songe basané

Où mon imagination vagabonde se serait évadée

Bobluc, réponds à la question!

Si on multiplie l’hypothèque par les désillusions

Pour en soustraire le goût de vivre,

Exposant le souffle coupé, dans combien de temps

Se verra-t-on prisonnier de rêves

Qui ne sont pas les nôtres,

L’âme immergée dans l’eau de javel

Des attentes d’autrui, celles que l’on imagine

Avec tant de virtuosité, pour apercevoir

Cette houle de goules que sont les gens désœuvrés,

Possédés par le Spleen?

Tout est toujours à recommencer

Même sur mon île déserte mes angoisses,

Mon appréhension face à l’avenir

M’extorquent les joyaux de l’instant présent

Alors je braque mon regard vers l’horizon

Et fusille les nuages des prunelles

Pour m’assurer que pas un seul avion

N’approchera à pas de loup

Mon lopin d’espoir

Je bois à même le goulot

Pour me désaltérer

Cet extrait de chimères, de mirages

Cette oasis à l’abri sous verre

Est de l’eau de glacier pour la psyché

Je me nourris de moi-même,

L’azur me donne le tournis

Les lames de fond hérissent leurs crêtes

Remontant à la surface comme de jeunes coqs

L’éclat smaragdin hallucinatoire

Des vagues vaudous est une bénédiction

Pour les prunelles qui se radoucissent

Le battement des paupières se synchronise

Avec l’infiltration d’eau saline dans les poumons

Pantin océanique, mon ventre remonte vers la surface

Du monde bleu et gracile, une méduse ventriloque

Ces filaments, ces tentacules sont mes tripes

Animiste, Aurélia Aurita se joue de moi

Astrologue en herbe, symbiote en astral

J’approche des abysses et mon épiderme

Renaît des pétales de la mémoire sensorielle

Qui ondule au rythme des flots

Mon scaphandre devient un jardin d’anémones,

Une fleur de chair visitée par du plancton

Phosphorescent lorsque la nuit transmute

Le bleu électrique qui cisaille la turquoise aquatique

En noirceur satinée peuplée d’êtres surnaturels

Monstrueux, féeriques, démoniaques

J’ingurgite mes viscères pour faire de la place

À un modèle réduit de voilier

L’archétype du voyage embouteillé

Et si la forêt est peuplée de gnomes,

De trolls, de dryades et de fripons

Sylve viscérale où dansent les âmes

Des sentiments anciens

Quelles ressources vivifiantes se trouvent

Sous la surface argentée du miroir des océanides

Alors qu’elles fracassent le mur du sens

Et rehaussent le réel d’émerveillement?

Des questions orphelines sentent sonner le glas

Du bouillon d’onze heures, au milieu d’un blizzard

Qui s’engouffre dans la gueule de l’océan

Reste-t-il quelque chose de délicat

Pour donner aux viscères l’envie d’exister?

Ton sourire impie, tes étoiles de rousseur,

La fragrance de ton cou que couve

Ta longue chevelure bouclée

Me hantent toujours la nuit

Et le désir de vivre, de vivre

Qui me pourchasse à pas de loup

Construis des cités de sel dans mes orbites

Et fais-moi pleurer pour retrouver l’essentiel

Une respiration profonde, les sens exacerbés

La pleine conscience à l’épicentre

De l’instant présent, de relations vivantes,

Rien que ça!

Et si tu n’es pas satisfaite d’hanter mes pensées,

Le terrain de jeu de mes tripes

À feu et à sang, dis-toi

Que j’ai suffisamment peuplé le passé

Des hurlements fantomatiques

De mon phare dans la nuit,

Que la banalité du quotidien commence par toi

Et que la musicalité des pierres du monde

Renaît des notes minérales

Dont je me repais, me sustente

En faisant pénétrer mes quenottes

Dans l’éclat des petites révélations

Et l’obscurité de l’inspiration,

Funambule en otage

Entre le goût de vivre

Et l’arrière-goût d’en découdre

L’émancipation du ressenti

Hors du sarcophage des ères glacières

La renaissance du soi

Envers et contre les ténèbres

Qui macèrent dans l’estomac

De fleurs carnivores

Dont les parfums capiteux et l’élégance

N’ont d’égal que la capacité

À transmuter murmures au creux d’un cou,

Gémissements et soupirs

En bonheur transcendantal

Et si tout ce qu’on se dit sur le réel

Est tissé de la douceur argentée

De la trajectoire d’étoiles filantes

Ivres de pérégrinations cosmiques,

Peut-être que la logique sacrificielle

Où souffrance et créativité s’entremêlent

Laissera place à la naissance d’un rêve

Tout bête, tout délicat :

Que toutes et tous puissent vivre

Jusqu’aux confins d’eux-mêmes,

À l’état de métaphores vivantes

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