Putain de Cupidon
Des armées d’oignons
Marchaient vers ses larmes
C’était la journée où l’on conte fleurette
À la mort des êtres chers,
À la mer des chromosomes
Émerveillés d’avoir existé
Ses larmes cristallines et pures
Comme la lactation d’éternels glaciers
Perforaient jusqu’aux miasmes du spleen
Vaporeux, ambiant qui sévit à Londres
Et en l’apercevant larmoyer
Même les policiers cessaient
De tabasser des clodos, de coulisser
Dans les filles de joie
Pour se caresser en soliloquant
« La jolie bouche, les yeux charmants, les belles larmes! »
Mais l’élixir lacrymal appartenait
Dans le secret à un bel imbécile
Du nom de Don Juan
Qui avait trépassé deux ans plus tôt
Choppant l’herpès en trompant
Son amoureuse compagne
L’amour est bête à en crever
Et parfois, juste des fois,
On rêverait un destin chaleureux
Même aux sottes éprises
De mécréants célébrant
Exclusivement l’existence de leurs gonades
Et ces sanglots vous hantent,
Vous font moribond
Le jour comme les nuits blanches
À lui souhaiter de grands bonheurs,
Des joies inestimables
Cupidon est un enfoiré
Qui mitraille les cœurs
Avec des flèches nacrées de venin
Putain d’angelot de pacotille!
Et la belle jouera les mortes-vivantes
Encore quelques lunes
Jusqu’à rencontrer un nouvel éphèbe
Et callipyge et souriant et merveilleux
Du moins je le lui souhaite,
Les commissures de mes yeux
Criant « au martyr »
Car mes glandes lacrymales
Ont mis le cap sur des déserts antiques
Où le sabir des serpents
Ondule, électrique, fascinant
Et où l’amour brise le moule
De son sarcophage
Pour en faire émerger la chair
Et danser avec les atomes de l’absolu