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Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
9 février 2015

Conte moraliste dédié aux riches

J'ai écrit ce conte ce matin et je l'ai trouvé si moraliste et de mauvaise foi que je l'ai jeté au vent, mais le vent me l'a rapporté. L'est gentil, n'est-ce pas? Bin oui crisse: un article de Radio-Canada a dévoilé que des centaines de riches Canadiens cachent de l'argent dans des banques suisses. Et ça c'est crissement pris en compte quand les autres civils payent leurs impôts. Les riches d'ici skullfuckent le tissu social et notre système d'impôts, chaque fois qu'ils fraudent. Et si les organismes communautaires crèvent la dalle, si les pauvres se font soustraire des droits et services, si les gens les plus vulnérables de la société sont la première cible de l'austérité, c'est définitivement leur responsabilité en grande partie. Dire que les dirigeants d'État sans scrupule font le gros salaire et prennent soin de leur lard! Que ce soit dit. J'ai viscéralement honte de mon pays et de mon gouvernement, pour bien des raisons dont celles-ci. Il y a quelque chose sur les épaules du macaque moyen qui ne roule pas rond. Où a-t-on rangé la guillotine? Et comme chuis rancunier, j'ai décidé de vous offrir ce conte, que je dédie à monsieur-madame tout le monde de la classe super rieuse, 'barnak!! (J'espère que vous aimerez!)

 

L'épée du mensonge:

Un jour, un homme très pauvre se promenait au village. Un homme réputé pour être riche et cruel dit dans la clameur d'une foule égayée par l'alcool, le thé et les lanternes: "à l'humain possédant le plus grand des dons, je jure que je donnerai la moitié de mon bien. J'ai ce sabre ici, qui a coupé bien des langues menteuses et ça, c'est le plus beau des prodiges. Quelqu'un sait-il mieux faire?"

Un homme s'avanca et lui dit: "je peux voler la virginité d'une femme et ne pas aller en prison, car je vis dans une société d'homme où menace et justice ne font qu'un." Tout le monde se mit à rire ou presque, complaisant et tout.

Une femme fit trois pas par en avant, pour dire haut et fort: "moi je peux couper ton sexe et ne pas le regretter, car dans l'homme rien de bon et surtout pas ce petit bout de peau." Tout le monde se mit à rire, sauf l'homme au petit bout de peau.

Un autre homme, l'homme pauvre dont je vous parlais au début de l'histoire, devint nerveux et s'avanca pour dire:" tout ce que je vois, si seulement je le veux, tout cela se dédouble, mais je ne peux pas le prouver, car cela disparaîtrait par la même occasion et ça, c'est très dangeureux. Croyez-moi, vous ne voulez pas voir cela arriver.  [Silence.]

Même son sabre coupeur de langues n'était pas à la hauteur du présumé don de celui qui avait pris la parole et selon l'allure des choses, il était plus que vraisemblable qu'il doive donner la moitié de sa fortune à ce pauvre homme. Le riche n'était pas content du tout. 

Le don du pauvre était même supérieur à celui de la femme qui savait couper les petits bouts de peau sans le regretter, alors l'homme riche et cruel était bien embêté, comprenez. Il se dit que jamais de son vivant un pauvre n'aurait la moitié du quart de son bien. Le pauvre repartit sans demander son du, sentant la tension monter dans l'air. Seulement, le riche avait promis devant tous ces gens réunis... Qui lui demandèrent s'il allait respecter sa parole. Rongé par son avarice et l'amertume, il finit son verre en silence et quitta les festivités sous les regards rieurs de ses amis. Tout le monde continua à faire la fête, sauf lui.

Et le lendemain, des hommes armés vinrent chercher le pauvre dans sa hutte. Il était surpris qu'on vienne le voir, car il était pauvre. On le traîna devant le juge. Le riche était là, ainsi que des gens présents à la petite fête du jour précédent. Le juge lui demanda si les allégations portées contre lui étaient vraies, bref s'il avait menti en disant qu'il pouvait dédoubler tout ce qu'il voyait. L'homme pauvre prétendit avoir dit la vérité, mais que malheureusement, il ne pourrait le prouver, sinon tout ce qui serait dédoublé disparaîtrait au même instant, y compris les jurés, le riche et le juge.

L'homme de loi se senti insulté et s'irrita in petto. Il prit dans sa main une épée qu'il avait jusque-là tenue cachée à son côté. Le pauvre la reconnaissait: c'était celle du riche. Maudits riches! Il dit donc au pauvre: cette épée, c'est coupeuse de langue. Elle coupe aussi les mensonges. Vous allez maintenant prouver vos dires, sinon nous aurons à vous couper la langue. Mais ne vous inquiétez pas, car elle ne tranche que les langues qui savent mentir. Le pauvre accepta.

Il trouvait la justice bien clémente ce jour-là. On lui permettait de se défendre devant un riche crédible et ayant des amis puissants. Il avait même le droit d'exister! Il demanda alors qu'on lui passe l'épée. Tous étaient surpris de voir le pauvre pousser l'ironie à son paroxisme, puisqu'elle serait bientôt l'instrument de son châtiment. 

Puis, le pauvre pointa la lame vers son visage et se creva les yeux, en prenant bien soin de les trancher au milieu. Après avoir repris contenance, après que d'avoir pleuré et saigné, il dit, la voix tremblante et agenouillé au sol, que tout s'était bien passé comme prévu. Au début, tout autour s'était dédoublé, seulement, pour une raison qui lui était inconnue, tout cela n'existait plus à présent. Rien. Néant. Que du noir. Des soldats de la cour trouvant une utilité à leur vie se jetèrent sur lui pour le cribler de coups de pieds et punir l'insulte faite aux braves gens. Le juge était dégoûté de tant de mauvaise foi investie d'ingéniosité, mais le riche dut tenir sa promesse et lui léguer la moitié de son bien. Comme quoi, la justice sait être ce qu'elle est. Et vous, êtes-vous confortable dans la classe sociale dont vous faites partie?

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