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Le Phonème Bohème
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Le Phonème Bohème
15 décembre 2023

Métaphores viscérales

C’est dans la toile scintillante de ses viscères qu’elle a capturé des métaphores météoriques. Elles vivent à présent dans l’obscurité de son ventre. La danse viscérale est ce qui change la pierre de ces figures de style en minéralité plus subtile, cristalline. Ne pouvons-nous pas changer, rien qu’un petit peu? Elle le peut. Déjà, elle couve d’un regard interne et profond des sentiments sauvages qui circulent avec amour pour l’inconnu dans les abysses tout en taquinant les affres de la postmodernité : doute, solitude, anonymat social, carences affectives, abandon. Ces sentiments n’étaient pas suffisamment oxygénés, étaient privés de mouvement et se sont sclérosés, nécrosés, sont devenus de petits artéfacts cancéreux. Et comme elle est un fragment de la sagesse incarnée, elle ressent, vit, vibre à présent. Ses méditations sont orientées vers une homéostasie psychoaffective; elle s’actualise de toutes les ressources de son inspiration charnelle pour rejoindre l’équilibre qui l’attend au plus profond d’elle-même. Des métaphores mortifères tranchent ses tripes avec la vélocité flamboyante de l’aérolithe et elle contemple sa relation à la mort, la souffrance, la solitude à l’approche des derniers instants de vie. Elle s’alimente peu, de thé, fruits et légumes crus, de musique enlevante, danse avec l’énergie qui lui restent, sans que personne ne sache au fond qui elle est. Qui croit en elle? Elle est une étoile filante. Elle n’a besoin de la pitié, de la compassion ou de la foi de personne. Elle a passé sa vie à se faire rejeter, a recevoir si peu d’amour, à exister avec un minimum d’oxygène. La nuit, une entité secrète déchire ses entrailles comme un enfant insupportable déballe ses cadeaux. Qui donc vit à l’intérieur d’elle, et qui lui parle dans un langage si pressant, insistant, tyrannique? Il faut continuer à vivre. Commencer à vivre de toute la puissance de ton intention, de tout ton être. Est-il seulement nécessaire de savoir qui parle au-dedans, dans cette langue antédiluvienne des viscères? « Je souhaite que mes organes internes deviennent des oiseaux et s’envolent absolument loin du chaos primaire qui contrôle mon corps, mon esprit automates. » Elle prend une respiration profonde, à s’en fracasser les côtes, question de libérer ce qui chante depuis la nuit des temps dans sa cage thoracique. Courageuse, elle l’est. Tout commence par une voix intérieure qui se démultiplie, puis ce sont les échos fantomatiques qui tourmentent l’âme, dans tous ses états. Et à force de méditer, danser, chanter dans sa langue verte, elle se donne naissance. Brise les barreaux de cette forêt de cages illusoires. Les gens l’évitent alors qu’elle oscille entre vie et mort, que l’odeur de l’autre monde l’embaume. Et bientôt, les fleurs carnivores qui poussaient dans sa viande deviennent des orchidées de chair immaculées, hiémales, délicates. Les astéroïdes et comètes deviennent étoiles filantes et elle demeure seule avec le silence. Apprivoiser la bête de l’apocalypse est tellement plus aisé que de conquérir la mort et transcender la vie de mille sourires éthérés qui reconnaissent leur émetteur et ne trouvent jamais de receveur. Certaines personnes naissent réellement pour devenir des guerrières, vivant de manière austère, solitaire, sans reconnaissance et survivant à l’absurdité de la vie, de toute leur âme, le souffle anonyme dans la nuit, connectées à leurs sens et sentiments, gravitant à l’épicentre d’un calme psychique surréel, presque inquiétant, et comme c’est prodigieux de lire des poèmes printaniers vivaces derrière l’arborescence de leurs iris luminescents. D’être issu de ce monde et pas d’un autre. D’être toutes, tous, des extraterrestres à notre manière, aux yeux de tout autre peuple des étoiles. Il reste encore à démêler bien des pensées et des sentiments, et parfois, baigner dans le souvenir d’autrui a quelque chose de charmant, et qui fait fleurir l’émerveillement. De jeunes métaphores intersidérales naîtront encore, tant que l’humain aura besoin de déposer l’oreille interne, gentiment, tout contre l’existence qu’il incarne. Et si deux gamins jouant au téléphone avec des gobelets reliés par une cordelette perçoivent plus qu’il ne peut transparaître, c’est aussi parce que les symboles qui vivent en nous sont de précieuses reliques nous connectant aux profondeurs du superconscient individuel, collectif. Ainsi, c’est enivrée de poésie de bon matin que mademoiselle ressent la toile coruscante qui vit à l’intérieur d’elle-même prendre de l’expansion et receler les gouttelettes de rosée de l’inspiration, de l’intuition, des sentiments qui ruissellent au cœur de qui elle se sent devenir. Et l’on est en droit de rêver aux allégories qu’elle créera pour négocier son droit de passage direction un univers de beauté exaltante, de ressenti exacerbé, de communication interne florissante.

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