Dans la lune

Ermite, moine et poète est Ryôkan

Lichen au sommet de la montagne

Il séjourne dans sa grotte, seul

Cela ne l’empêche pas

De cueillir des prunes

Quelque part dans la lune,

Mais elle se fracasse au moment

D’entrer dans son propre reflet

La surface du lac est cristalline

Les nénuphars bouffent des libellules

S’enfoncent les fragments

De la rêverie

Dans l’inconscient collectif

Qui ne recrache

Que les arêtes oniriques

Le bonze zen n’a pas de cathédrale,

De temple ou de monastère

Pour le protéger du froid, de l’averse

ou de son imaginaire

Et il fleurit le réel de sa calligraphie,

De ses haïkus encore chauds au toucher

On ne voit rien par la fenêtre

La grâce, la délicatesse de la lune scindée

Absorbées par la lacustre étendue nocturne

Qui engloutit tout, même le voleur à la fenêtre

Le lièvre dans la lune devra dégoter

Une nouvelle garenne

Où couler des jours heureux